Ariana Vafadari : Anahita

le  19/06/2020   chez Quart de Lune/Idol





« O voix ! suspends ton vol.... » (poème d’Alphonse de Larmartine quelque peu revu et corrigé) : cela pourrait tout à fait s’apparenter à la douceur, à la grâce, à l’évocation et à la profondeur du timbre vocal de la mezzo-soprano Ariana Vafadari, une compositrice et chanteuse lyrique, pardon, une diva d’opéra franco-iranienne qui s’essaye à une forme sonore de poésie et de spiritualité aussi évocatrice et pénétrante que possible, l’émotion à fleur de peau et toujours bien visée au corps.
Avec cet album de 9 titres, elle atteint des sommets de vocalises d’une rare beauté, tous empreints de légèreté, de délicatesse et de spiritualité voire même d’onirique pour ne pas dire de mystique totalement incarnés. Que ce soit Le rêve d’Anahita (ballade lente de plus de 6 minutes à l’ud – instrument à cordes pincées - si arabisant), L’arbre et Anahita (au chant presque a cappella et aux vocalises haut perchées), Royâ et Sur les pas (instrumentaux tour à tour au piano détaché et aux percussions discrètes), Ardvi sura (d’une grande épuration sonore), Incantation (aux octaves ondulants), ou bien Tchak tchak (entre voix virevoltante et percussions du musicien Habib Mefttah Boushehri), c’est un florilège d’ambiances poétiques plus - ou moins – vibrantes et parfumées d’Orient les unes que les autres.
Ce n’est pas à proprement parlé du classique, ni véritablement de la musique religieuse et encore moins du chant énigmatique, simplement des mélopées interprétées parfois en persan parfois en français parfois en langue Avestique (la langue ancienne des zoroastriens), aux tonalités autant souvent philosophiques, qui ondulent au gré des envies comme improvisées, à la frontière de jazz et de musiques traditionnelles dites aussi du monde. Bref, une soliste au talent à l’état pur, avec de la virtuosité vocale à revendre et des incantations apaisantes à vous faire voyager ailleurs, bien loin, très loin...

C.LB