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Erol Josué : Pelerinaj

le  28/05/2021   chez Geomuse





Un visage reposé voire apaisé, les yeux fermés comme en pleine méditation, une posture qui veut respirer la plénitude retrouvée jusqu’à même dégager une sensation de bien-être ambiant : c’est tout ce que l’on peut ressentir à la vue de cette pochette comme d’ailleurs à l’intérieur de l’album, celui du haïtien Erol Josué, un chanteur mais aussi un conteur, un danseur, un chorégraphe, un comédien, ainsi qu’un prêtre vaudou. D’où notamment ces chants traditionnels envoûtants, ces incantations mystiques récitées de manière entêtante, ces percussions rapides et festives, ces cadences soutenues, parfois percutantes et souvent répétitives, ces chœurs en forme de chorales vibrantes, sans oublier cette voix – la sienne - tour à tour haut perchée, plaintive, a capella, possédée, lancinante, en écho, éclairée, habitée par une puissance qui semble vouloir ensorceler et exhorter autant les musiciens qui l’accompagnent que les auditeurs qui l’écoutent.
Cela faisait 13 ans que nous étions sans nouvelle de lui : grand bien lui en a fait puisqu’il nous offre aujourd’hui 18 morceaux (dont un bonus, Kase tonéi, un instrumental enregistré en live) des plus pénétrants, chaloupés et revigorants qui soient. Tout un registre en grande partie « magi(qu)e » y est déploie avec ferveur, entre les tournoyants Badji et Kiwi, les tambourinés Je suis grand nèg et Sim goute w, le clopin-clopant Erzulie (le 1er single avec une guitare), les enlevés voire les dansants Rèn sobo a et Sigbo lisa, le doux Kafou (qui va crescendo), le court Mitolo (sans instrument), les sautillants Avelekete (au joli final vibrant) et Olisha badji, le discret Tchèbé tchèbé (accompagné juste d’un piano), les ambiants jazziques Gede nibo (avec sax) et Chango (le plus long – 6 minutes - avec sax, contrebasse et piano), « l’afrobeat » Ati sole (avec en prime une calebasse), et le « classique » Palave Maria.
C’est un condensé original pour ne pas dire un florilège assez unique de ce que cet artiste plein « d’esprit » et souvent « en transe » est capable de produire (entouré d’invités prestigieux comme Philippe Cohen Solal, Mark Mulholland, Ronald Cauvon, le violoniste et clavier Arthur Simonini, le producteur américain Charles Czarnecki, Jacques Schwarz-Bart et Ben Zwerin), jouant à la fois la carte plurielle du traditionnel et celle du (post-)moderne, de l’acoustique et de la mixité, plus quelques pointes de baroque comme d’électro. En résumé, un disque qui appelle à l’expression, au groove, à la diversité, à l’originalité, au voyage, à la danse, à la créativité artistique et à l'introspection poétique….

C.LB



 
 
 
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