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The secret man – Mark Felt

le  01/11/2017  

De Peter Landesman avec Liam Neeson, Diane Lane, Tom Sizemore, Marton Csokas, Tony Goldwyn, Ike Barinholtz, Josh Lucas et Wendi McLendon-Covey


Agent spécial devenu numéro deux du FBI, Mark Felt enquête sur une affaire qui pourrait coûter son poste au Président des Etats-Unis. La Maison Blanche et le directeur des services secrets cherchent à enterrer l’enquête. Mark Felt, malgré les pressions énormes du pouvoir, choisit de poursuivre son investigation pour faire éclater la vérité.

Tout est dit ou presque dans le titre de ce biopic plus ou moins transformé en thriller sur fond de drame politique : en effet, il s’agit de la véritable histoire de Mark Felt, un homme intègre aussi puissant qu’exigeant et travaillant justement dans le « Secret » en tant que vice-président du FBI depuis 30 ans, qui se retrouve partagé entre sons sens du devoir bien fait (« vos secrets ne risquent rien : on veille sur eux ! ») et ses propres convictions quelque peu entachées par les malversations, manigances et autres corruptions qui se jouent entre autres au gouvernement pour ne pas dire à la Maison Blanche à cette période, et cela à un moment très précis de son existence, lors de la célèbre affaire du Watergate. Qui dit « homme secret » – et il le faut bien lorsque l’on codirige une pareille institution, pardon, un tel (fédéral) bureau d’investigation, et que, par la force des choses, on est informé à travers des dossiers confidentiels de tout ce qui se passe notamment à certains postes clés du pouvoir ! -, dit aussi rester impassible devant toutes les accusations possibles et imaginables colportées (en vraie ou/et en faux) à votre égard ou à celle de vos proches collaborateurs, voire d’autres personnes plus haut placées.
Pour interpréter ce personnage hors norme, qui mieux que Liam Neeson (souvenez-vous déjà de ses prestations « historiques » de Schindler, Rob Roy et Michael Collins !) pouvait se glisser aisément et élégamment dans la peau de cet individu à la fois discret, fiable et fidèle, certes imperturbable et impassible quelque soit les pressions et les menaces qui planent sur lui (on veut l’empêcher de faire son job, bref, d’enquêter) mais néanmoins particulièrement tiraillé au plus profond de lui-même (il place le FBI en premier, même si la vérité peut ébranler le gouvernement) ? Cheveux blancs, visage fermé, sourcils froncés et expressions toutes aussi graves, il incarne à merveille ce style de bureaucrate qui fait passer sa foi et ses certitudes avant ou plutôt devant toute chose (« personne n’arrêtera une enquête, pas même le FBI ! »). Autour de lui, une pléiade d’acteurs tous aussi bons et représentatifs que possible (la belle Diane Lane en épouse bienveillante ; l’excellent Tom Sizemore en directeur adjoint fourbe de la division renseignement au FBI mais surtout auprès de Richard Nixon, le parfait Marton Csokas en remplaçant manipulé du « regretté » J.Edgar Hoover à la tête du FBI, et l’expressif Tony Goldwyn en agent investigateur proche de Mark Felt).
N’espérez pas voir une production pleine d’action, d’effets spéciaux (elle est d’ailleurs curieusement produite en partie par Ridley Scott !) et de rebondissements (dans l’esprit du film d’Alan J.Pakula, Les hommes du président, sorti en 1976 et qui racontait la réelle histoire des 2 journalistes par qui le scandale éclata !), dignes de vous surprendre pendant 1h45, d’autant que la plupart d’entre vous connaissent déjà la finalité de cette fameuse affaire, celle d’anciens espions à la solde de la Maison Blanche qui furent arrêtés en 1972 alors qu’ils tentaient de poser des micros dans les bureaux du Parti Démocrate pendant les présidentielles américaines) ! Ici, il est plus question de « vengeance », s’agissant en effet d’un certain style de « revanche » à prendre, déguisée en délation pure et simple auprès de journalistes politiques bien intentionnés (il fut l’unique source de touts leurs articles de presse !), par l’entremise d’un homme pour le moins banal, peu glamour et pas célèbre pour 2 sous (beaucoup moins qu’Hoover à l’époque !), brave petit soldat au service de son administration et d’une forme de justice, et qui voyait son dévouement de toute une longue carrière se solder par l’élection d’un autre que lui au poste très convoité de directeur du FBI.
Donc, pas d’esbroufes cette fois, que des faits et actes dialogués entre intervenants concernés (plus de près que de loin !), se déroulant en grande partie dans leurs bureaux respectifs, avec une BO omniprésente et tendue tout du long, ainsi que très peu de plans extérieurs si ce n’est quelques images de monuments et d’archives placées ici et là, un moyen comme un autre de coller à l’authentique scandale du Watergate qui contraignit Nixon, 37ème président des Etats-Unis, à démissionner ! Ce qui n’enlève en rien au côté captivant et esthétique de ce récit maîtrisé de mains de maître par le réalisateur, scénariste et ancien journaliste d’investigation – tiens tiens ! - Peter Landesman (Parkland ; Seul contre tous) qui nous sert les aboutissants (les origines comme les conséquences) de ce « donneur », pardon, de ce « lanceur d’alertes » bien avant l’heure (on pense bien sûr à Chelsea Manning en 2010 et, surtout, à Edward Snowden en 2013, porté à l’écran par Oliver Stone en 2016)......

C.LB



 
 
 
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