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Célébration (jusqu’au 28 avril)

le  05/04/2019   au théâtre de Belleville, 94 rue du faubourg du Temple 75011 Paris (du mercredi au samedi à 21h15 et dimanche à 15h)

Mise en scène de Jules Audry avec Quentin Dassy, Francesca Diprima, Léa Fratta, Faustine Koziel, Orane Pelletier, Garion Raygade, Ulysse Reynaud, Marco Santos et Florence Vidal écrit par Harold Pinter




Les fêtes de famille, les réunions entre amis et autres agapes arrosés en société ont toujours été une source d’inspiration pour les artistes. Ainsi, Orelsan décrivait récemment l’horreur de ce qu’il intitulait une « défaite de famille » dans un rap drolatique « J’ai préparé un p’tit speech
Parce j’dois vous avouer un petit détail de ma vie J’déteste les fêtes de famille...». Mais avec « Célébration », la pièce de Pinter présentée en ce moment au Théâtre de Belleville, c’est plutôt du côté de Festen que Jules Audry, le metteur en scène, est allé chercher ses références, un film dans lequel un anniversaire servait de prétexte à la révélation d’un terrible secret.
C’est en effet d’un anniversaire dont il est question ici, réunissant 3 couples dans un restaurant, un étrange serveur en kilt, et deux femmes dont l’une se dit la maîtresse d’hôtel et l’autre passera sa soirée à lire dans son fauteuil. On fête un anniversaire de mariage (ou de naufrage ?) et une promotion professionnelle. Dès le début, le parti pris est net : l’urbanité du discours cache une violence extrême et chacun des personnages exprime ses propos, souvent face au public, avec une insincérité totale. Parfois, la violence devient physique, à l’exemple de ce tabassage en règle du serveur par l’un des convives qui, entre chaque coup, assène avec violence le plaisir qu’il a eu à passer cette soirée dans son établissement.
Ce que la parole ne dit pas, les corps le hurlent et la réunion de toutes les frustrations autour de la table de cette auberge devient le catalyseur du déchainement. Pour servir son propos, le metteur en scène a choisi une mise en place stylisée de ses comédiens qu’il sculpte de ses lumières précises et affutées. Presque chaque scène est un tableau, évoquant parfois le cinéma muet, parfois la peinture. Chacun joue ici sa partition avec technicité et sans faute, même en ce jour de première, moment toujours délicat dans la vie d’un spectacle.
Alors d’où vient donc le sentiment d’ennui qui envahit le spectateur ? D’où vient cette impression de rester étrangement extérieur à ce qui se passe sur le plateau ? La réponse tient peut-être dans la jeunesse professionnelle des comédiens réunis sur la scène. Même si le metteur en scène affirme avoir souhaité que « ces personnages aient l’air d’enfants jouant aux adultes », on ne voit sur le plateau que de (trop) jeunes acteurs aux costumes trop grands pour eux. Dans la troupe des comédiens, on distingue dés le début Francesca Diprima, longue silhouette sur talons dont le jeu intense alterne entre la poupée désarticulée et la fausse ingénue, imprimant la mémoire du spectateur. On lui promet d’ores et déjà une belle carrière.

E.D



 
 
 
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