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J’ai des doutes (jusqu’au 5 janvier 2020)

le  06/11/2019   au Scala Paris, 13 boulevard de Strasbourg 75010 Paris (du mardi au samedi à 19h et dimanche à 15h)

Mise en scène de Antoine Saher assisté de Romain Lemire avec François Morel et Antoine Saher en alternance avec Romain Lemire écrit par Raymond Devos et François Morel




C’est un peu inquiet que l’on se rend à la Scala pour voir ce que l’on pensait être une reprise des textes de Raymond Devos par François Morel. Force est de constater que dés le début, la question est tranchée et Morel emporte le spectateur avec lui : non, ce n’est pas une reprise, c’est une mise en lumière, une remise en valeur, une réinterprétation des textes du célèbre humoriste.
Ainsi est évacuée l’autre interrogation fondamentale : non, Devos n’a pas vieilli. Même si ses quelques rares références à une culture populaire des années 50 à 70 datent un peu et ne font rire que les têtes grises et blanches (ah, la main de ma sœur et la culotte du zouave !), sa relation totalement jouissive avec les mots et la façon dont il en joue accrochent un sourire permanent à la face des spectateurs. Pas ou peu de gros éclats de rire avec Devos, on navigue ici dans un univers poétique, un tantinet surréaliste.
Ne reculant devant rien, la scène d’ouverture représente l’arrivée de Devos au paradis, et là, c’est un festival. Il y est question d’anges qui, « d’émotion, avaient des auréoles jusque sous les bras », de Dieu « vous connaissez le bon Dieu, il est comme tout le monde, il a ses faiblesses » et, encore plus loin, évoquant la création du monde « oui, mais nous dans le spectacle, une création, on en fait au moins une tous les deux ans ».
Alternant l’interprétation jouée et chantée, François Morel a choisi le duo (qui parfois tourne au duel) : plus qu’un pianiste (Antoine Sahler le soir de notre venue, qui alterne selon les soirs avec Romain Lemire), Morel est accompagné d’un véritable partenaire qui a parfois voix au chapitre, et c’est tant mieux. Les numéros dialogués permettent ainsi de s’éloigner de la version de leur auteur-interprète d’origine, et l’ensemble gagne en légèreté : le Devos sans Devos existe ainsi et le texte dépoussiéré retrouve une vigueur nouvelle.
C’est talentueux, réjouissant et totalement réussi. L’œil brillant, le visage mobile, François Morel est totalement engagé, corps et âme, il ne laisse pas d’autre choix au spectateur que de le suivre tout au long de ce spectacle d’une heure trente. Il serait fastidieux d’énumérer ici tous les traits de cet humour si particulier qui caractérise l’écriture de Devos mais on pourra s’approprier l’un d’eux comme une devise personnelle : « je préfère quelqu’un qui n’est pas fini à quelqu’un qui est fini »....

E.D



 
 
 
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