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- festival : La Mousson d'Or (jusqu'au 29 août)

le  24/08/2016   au Cellier, à l'Amphi et au Parquet du bal de l'abbaye des Prémontrès à Pont-à-Mousson

Mise en scène de Frédéric Sonntag, Charlie Nelson et Laurent Vacher avec Guillaume Durieux, Philippe Fretun, Alain Fromager, Grégoire Lagrange, Catherine Matisse, Anne Benoît, Ariane Von Berendt, Cécile Bournay, Marie Desgranges, Camille Garcia, Caroline Menon-Bertheux et Johanna Nizard écrit par Alexandre Dal Farra, Helen Benedict et Iggy Pop




Qui peut supposer ou, du moins, imaginer qu’un ancien cloître puisse devenir un jour, un centre culturel au cœur du Grand Est, là où se déroule aussi bien des conférences que des expositions (actuellement celle des faïences de la famille Gallé – uniquement pour les amateurs ! -), des évènements thématiques que des séminaires, des colloques que des réceptions, voire des mariages et même, pour ce qui nous intéresse ici, un festival de théâtre contemporain (bien) nommé La Mousson d’Or, d’autant plus que l’abbaye des Prémontrès, monument historique du 18ème siècle situé à Pont-à-Mousson en Lorraine sur les bords de la Moselle, fait également office d’hôtel 3 étoiles avec 70 chambres ?
Loin d’être un lieu uniquement monacal où l’on pourrait se retirer pour prier quasi reclus tout en méditant sur notre (futile) existence, cet endroit original – et de plus pratique puisque il intègre en son sein quasiment tout ce qu’a besoin un tel évènement pour exister et recevoir à la fois auteurs, traducteurs et acteurs -, a été choisi par son directeur artistique, Michel Didym, qui y a installé sa manifestation, le meilleur de l’écriture théâtrale d’aujourd’hui à travers des textes venus du monde entier (cette année, autant occidentaux que sud-américains d’ailleurs !) afin que ceux-ci, pour la plupart jamais édités ni joués, interprétés par des comédien(ne)s professionnels, puissent être à un moment ou à un autre programmés dans un théâtre et, pourquoi pas, hexagonal.
L’occasion nous a été donné de voir, presque à la suite, 3 spectacles plus différents les uns que les autres, une lecture d’Abnégation du brésilien Alexandre Dal Farra, une autre de The lonely soldier monologues de l’américaine Benedict, et un récit intitulé I need more : les Stooges et autres histoires de ma vie d’Iggy Pop, lu par une femme. 3 univers diamétralement opposés où se croisent dans l’ordre, politiques véreux aux enjeux comme aux réactions violentes, aussi « orduriers » qu’énervés, magistralement incarnés par un casting tour à tour dynamique et comique à la limite de l’excès comme « sous acide » (notamment grâce au jeu rythmé du formidable Alain Fromager !) ; plusieurs femmes soldats revenus d’Irak après quelques mois d’occupation et racontant leur parcours à travers un témoignage aussi touchant que poignant, marqué par ce que ces engagées ont vécu et surtout par ce qu’elles ont du supporter autant sur place que venant de leurs supérieurs hiérarchiques (entre agressions, harcèlements sexuels, humiliations, stress post-traumatique, dépressions, viols et affrontements dans le giron de cette haute « institution » que peut – et veut - être l’armée U.S., le tout sur fond d’images projetées sur écran, des photos on ne peut plus démonstratives à l’appui et explicatives pour certaines !) ; et rock star plus ou moins sous les traits d’un guitariste tapi dans l’ombre et grattant son instrument par moment, narré par Catherine Matisse - à la tête de Chantal Lauby et à la gouaille de Caroline Loeb - qui, pendant une heure, nous projette dans l’univers mouvementé, décalée et « prohibé », limite borderline, de l’Iguane en nous racontant son parcours autobiographique iconoclaste semé d’anecdotes aussi croustillantes que vraies (« les Stooges, un groupe de samba à une note ! »).
Et pour terminer en beauté, rien de mieux qu’une fin de soirée en musique orchestrée dans un dancing roulant, amené jusque là pour que les festivaliers, toutes catégories confondues, puissent enfin laisser libre cours à leurs envies et, pourquoi pas, à leurs désirs de s’exprimer eux aussi juste avant d’aller se coucher. Bref, un festival inventif, généreux et décontracté, qui ne ressemble à aucun autre, surtout pas dans un lieu pareil !

C.LB



 
 
 
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