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- cirque : Les 5èmes Hurlants (jusqu’au 21 juillet)

le  04/07/2019   au Scala Paris, 13 boulevard de Strasbourg 75010 Paris (du mardi au samedi à 20h30, les mercredis et dimanches à 15h)

Mise en scène de Raphaëlle Boitel avec Julieta Salz, Clara Henry, Salvo Cappello, Alejandro Escobedo, Loïc Leviel, Nicolas Lourdelle et Tristan Baudoin écrit par Raphaëlle Boitel


5 personnages, 5 corps, 5 personnalités, 5 portraits. 5 regards. Ils façonnent leur quotidien. Ils tirent, ils serrent. Ils grimpent, ils volent. Ils chutent. Se relèvent. Ils doutent. Ils s’obstinent. Cherchent, fouillent, creusent, sans filets. Ils avancent, toujours. Leur art comme sacerdoce. Entre échec et succès. Plaisir et souffrance. Des êtres toujours en équilibre, forts et fragiles. Drôles et tristes. Ils sont eux. Ils sont l’espoir. Ils sont la vie.

Le travail de la compagnie Il est une recherche d’art du mouvement. Depuis le premier spectacle, ou au travers des opéras auxquels collaborent, Raphaëlle Boitel, se développe un langage chorégraphique. Ils’invente à partir des relations entre les êtres, le quotidien. Il est fondé sur un vocabulaire qui mélange la danse et la matière circassienne. Y sont convoquées toutes les émotions, la virtuosité, la contorsion, la connexion entre les interprètes, dans une écriture métaphorique où chaque détail compte, et qui s’exprime jusqu’au bout des doigts. Cette écriture se bâtit dans un univers visuel fort, qui participe à la trame dramaturgique, en s’appuyant sur un important travail de la lumière.
Chacun des projets est une étape, inscrite dans un projet global de création de ce langage du mouvement, vecteur de réflexions, d’émerveillement et d’émotions. Le spectacle En symbolisme, le chiffre 5 est le nombre de l’harmonie, l’équilibre et de la grâce. Très présent dans la nature, il est aussi associé à l’homme en général : 5 sens, 5 doigts, 5 membres… Le titre du spectacle est aussi en référence aux 50es Hurlants : zone du monde crainte pour ces vents et courants violents proche de l’Antarctique, que lesmarins sont obligés d’affronter pour continuer d’avancer. Un clin d’œil donc, pour rappeler que la vie n’est pas un long fleuve tranquille.
Ce projet est né de la rencontre avec 5 jeunes artistes. Leur quotidien m’a remémoré mon parcours de contorsionniste. À travers eux, j’ai voulu parler de persévérance. Pour l’exprimer concrètement, ma matière brute est basée sur le quotidien de ces circassiens. Leurs corps, et leur rapport à l’agrès. Le travail et la répétition incessante qui rend l’impossible possible. J’ai eu le désir de mettre en lumière la beauté du quotidien de ces artistes. Montrer l’envers du décor, l’entrainement, qui occupe 90% de leur vie et abime leurs chairs. J’ai envisagé leurs agrès comme des personnages, leur alter ego mécanique, avec lequel ils doivent partager leur vie, dans une relation ambigüe.
Dans un travail chorégraphique millimétré, j’ai voulu ce spectacle comme un hommage au cirque, et aux vertus qu’il représente. Je l’ai utilisé tel un reflet, une parabole métaphorique de la vie, dans lequel la force de se relever incarne la rage de vivre. En arrière-plan, une référence à mon parcours, à ma relation particulière avec Annie Fratellini, 1ère femme Clown. L’écriture, articulée autour de la musique dans une atmosphère de tournage de films et de cinéma muet, s’est appuyée sur leurs personnalités : ils sont de 5 nationalités différentes, 5 cultures différentes, 5 regards différents. Ils sont différents, et pourtant ils ont en commun d’être des gens normaux, qui parviennent à faire des choses extraordinaires. À travers eux, et en contradiction avec le caractère soliste des numéros de cirque traditionnels, j’ai souhaité évoquer l’importance de la force du groupe, la solidarité, l’entraide, l’amour.
Une métaphore de la vie en somme, qui fait référence à la quête initiatique, à l’importance du parcours, plutôt qu’au résultat. 5 personnalités donc, pour questionner les équilibres fragiles, le danger, la ténacité, qui sont aussi des composants intrinsèques aux matières circassiennes. Les chats retombent toujours sur leurs pattes. Et les hommes… ? En filigrane de cette histoire, j’ai souhaité esquisser, de manière poétique, à travers ces corps, le plus justement, les aspects positifs de la nature humaine… Raphaëlle Boitel L’esthétique Nous sommes là, dans cet espace sombre où ces personnages passent le plus clair de leur temps. Inspiré de l’œuvre de Caravage, des gravures et dessins du Piranèse ou la bande dessinée Les Cités obscures de Schuiten, la scénographie évoque un espace usé par les années. Cela pourrait être un théâtre, un lieu d'entrainement. Un chapiteau. Un hangar. Nous sommes hors du temps. Enchevêtrements de cordages, projecteurs, perches, sangles. On voit des dispositifs mécaniques. Des objets du quotidien sont disposés çà et là, empreintes de vie : des chaises trainent là. Une bouteille d'eau entamée. Une balle orange perdue. Lumière vivante, épurée, qui tranche avec le désordre du lieu. Elle est le dernier personnage et participe à la trame dramaturgique. Toujours peu de sources en même temps, utilisation de la pénombre, de la surexposition. Travail de contraste. Peu de couleurs. Accent mis sur les corps, les mouvements, les visages, les émotions.



 
 
 
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