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- expo : 2 expositions du Domaine de Chantilly – salle du jeu de paume et musée Condé (jusqu’au 6 octobre)

le  01/06/2019   au Domaine de Chantilly, 7 rue du Connétable 60500 Chantilly

Mise en scène de Mathieu Deldicque, Conservateur du Patrimoine au musée Condé ; Vincent Delieuvin, Conservateur en chef du Patrimoine au département des peintures, musée du Louvre; et Guillaume Kazerouni, Responsable des collections anciennes, musée des Beaux-Arts de Renn avec la Joconde nue et des dessins de portraits écrit par ou plutôt dessiné par Leonardo di Vinci, Jean et François Clouet


Les femmes de la Renaissance sont à l’honneur au domaine de Chantilly.

-La Joconde nue – le mystère enfin dévoilé :
Le 500e anniversaire de la mort de Léonard de Vinci est l’occasion de célébrer, au Domaine de Chantilly, le génie de cet artiste en présentant une exposition inédite, dédiée à l’une de ses œuvres phares, quoique méconnue et énigmatique : la Joconde nue. Le musée Condé de Chantilly conserve la plus célèbre représentation de la Monna Vanna, mieux connue sous le nom de Joconde nue, un carton de grande taille (quasiment celle de la Joconde du Louvre) qui n’en finit plus d’interroger. Grâce à des prêts internationaux très ambitieux, l’exposition de l’été 2019 tentera de percer une partie du mystère de cette véritable icône.

*La naissance d’un genre : autour de Simonetta Vespucci :
La Joconde nue "inventée" par Léonard de Vinci correspond à des recherches en germe dans les milieux néo-platoniciens de la Florence des années 1480 que le maître avait connus. En témoignent les portraits de Simonetta Vespucci, beauté fatale prématurément décédée qui fut l’objet de l’amour platonique de Julien de Médicis. Botticelli et Piero di Cosimo la représentèrent nue et donnèrent naissance à un sujet pictural à part entière, aux sens multiples et à la croisée des genres. Pour ces artistes, et parallèlement ceux de Venise (on admirera notamment le fameux Portrait de femme de Bartolomeo Veneto conservé au Städel Museum de Francfort), le portrait féminin dénudé devint l’archétype de la beauté universelle.
Léonard de Vinci et la Joconde nue
Le cœur de l’exposition sera consacré au prestigieux carton de Chantilly représentant la Joconde nue, acquis par le duc d’Aumale en 1862. Conçu sur le schéma de la Joconde, ce chef-d’œuvre était le support d’un jeu entre les genres picturaux et d’une polysémie digne de l’esprit fécond de Léonard de Vinci. Le maître italien perfectionna longuement son œuvre.
Les analyses de laboratoire ont permis de montrer que le dessin de Chantilly servit de poncif (permettant de reporter la composition) pour des tableaux créés sans doute au sein de son atelier. Pour la première fois, ils seront exceptionnellement réunis.
Nombre des élèves et suiveurs de Léonard reprirent sa composition, s’en inspirèrent ou en transformèrent le sens. Ce sera l’occasion unique de rassembler plusieurs répliques, de les comparer au carton de Chantilly et entre elles.

*Qui a créé la Joconde nue de Chantilly ? Des analyses scientifiques pour lever une partie du mystère :
L’exposition fera également la part belle aux examens de laboratoire qui ont accompagné l’étude du chef-d’œuvre de Chantilly. À la manière d’une enquête policière, et dans un mode immersif, le visiteur prendra connaissance des résultats des analyses scientifiques et saura enfin qui a pu réaliser ce fameux carton.

*La Joconde nue dans la France de la Renaissance :
La Joconde nue fut très tôt connue en France, par le biais d’un original ou d’une copie. François Clouet, fils du portraitiste de François Ier, s’en inspira dans sa Dame au bain (Washington, National Gallery of Art), une composition promise à un brillant avenir, placée aux confins du portrait d’accouchée, de l’allégorie de la fécondité ou de l’amour et de la peinture de genre.
Le motif connut de notables évolutions, notamment auprès des peintres de la seconde école de Fontainebleau. Dames au bain, à la toilette, entre les deux âges, portraits des maîtresses d’Henri IV (dont le célèbre tableau du Louvre, Gabrielle d’Estrées et une de ses sœurs) sont en quelques sortes les filles de la Joconde nue, support qui permit de développer à l’envi une esthétique précieuse et polysémique, telle que le prisait la Renaissance.
En se penchant sur une œuvre emblématique et oubliée de Léonard de Vinci, l’exposition du Domaine de Chantilly rendra hommage à l’une des plus énigmatiques inventions du maître, tout en donnant à voir une véritable leçon d’histoire de l’art consacrée au développement d’un genre pictural, entre la France et l’Italie de la Renaissance.

-Clouet – le miroir des dames (exposition au Cabinet d’arts graphiques du musée Condé).
Le musée Condé conserve un fonds graphique unique au monde, 366 portraits dessinés par les deux plus grands portraitistes de la Renaissance française, Jean et François Clouet, qui ont immortalisé la fastueuse cour des Valois. Parmi eux figurent de délicates feuilles consacrées à des modèles féminins, célèbres dames de la Renaissance et principalement des nobles dames des cours de François Ier et de Catherine de Médicis (comme Renée de France, Eleonore de Habsbourg ou Diane de Poitiers) ou belles inconnues. Chacune reflète non seulement leur beauté, leur piété, mais aussi leur rang et leur esprit. Cette sélection brosse une passionnante histoire du portrait féminin dans la France du xvie siècle.
En contrepoint de l’exposition « La Joconde nue », présentée au même moment au Jeu de Paume du Domaine de Chantilly (où il sera question de la réception de cette composition de Léonard de Vinci chez François Clouet), le nouveau cabinet d’arts graphiques accueillera, à l’été 2019, la première exposition exclusivement dédiée aux « crayons » féminins des Clouet.
Les portraits aux deux ou trois crayons de Jean (le père) et François (le fils) Clouet ont immortalisé la fastueuse cour des Valois. Ils étaient exclusivement les fruits de commandes royales, passées par François Ier, Henri II et Catherine de Médicis : poser pour ces artistes, c’était se voir reconnaître une place éminente au sein de la cour. Éléments indispensables d’une civilisation de cour, les nobles dames prétendaient à une représentation officielle, au même titre que leurs époux.
Il s’agissait de fixer leur noblesse et d’inscrire, par leur introduction dans le cénacle des personnages portraiturés, leur appartenance à une société curiale qui fixait alors ses règles. Les portraits dessinés des Clouet participèrent de l’affirmation du statut et du rang des femmes, au sein d’un univers où leur place grandissait. Si Jean Clouet concentrait son métier sur les cheveux, la coiffure et la ressemblance du visage de ses modèles, l’habit et le corps gagnèrent en importance chez François. L’exposition permettra de se pencher sur l’histoire du costume et des bijoux féminins (comme l’introduction de la mode espagnole et portugaise à la cour de François Ier entre 1530 et 1536, à la faveur du mariage du roi avec Eléonore de Habsbourg), mais sur celle des usages sociaux des vêtements chez les dames de la Renaissance.

*Catherine de Médicis et les portraits de ses dames :
La collection de portraits dessinés du musée Condé provient en grande partie d’un fonds constitué par une grande dame de la Renaissance, Catherine de Médicis. La reine, férue des crayons des Clouet, a en effet créé l’une des premières collections d’arts graphiques connues. Entourée d’une cour féminine brillante (loin de l’image romantique de l’escadron volant !), elle aimait paraître en compagnie de ses dames qui faisaient sa fierté. Souveraine dans le domaine de la représentation féminine, elle récompensait la fidélité de celles-ci en commandant leur portrait, véritable marque d’amitié.
Ces dessins, dus à François Clouet, ne reflétaient plus uniquement la beauté ou la piété de leur modèle, mais aussi leur rang, leur esprit, grâce à des visages plus individualités et des regards plus aiguisés. Les somptueuses mises des comparses de la reine, reproduites dans tous leurs détails, prirent une ampleur inégalée jusqu’ici. Une sélection d’une quarantaine de feuilles remarquables, issues des collections du musée Condé, permettra de brosser une histoire du portrait féminin dans la France du xvie siècle, avant l’effroi des guerres de religion.



 
 
 
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