- livre : Nouvelle géopolitique de l’art contemporain – chronique d’une domination économique et culturelle par Aude de Kerros aux éditions Eyrolles

le  03/10/2019   au x éditions Eyrolles

Mise en scène de Aude de Kerros avec 260 pages écrit par Aude de Kerros



De l’hégémonie de l’art contemporain à la multipolarité : retour sur 30 ans de jeux de pouvoir.
Au 20ème siècle, l’avant-garde artistique est devenue arme de guerre. Successivement instrument de subversion révolutionnaire, outil de propagande de l’État stalinien, support stratégique de la Guerre froide culturelle, après 1947, pour des États-Unis qui détrônent au passage l’Europe, elle mue en « doux pouvoir » à partir de 1991, à l’avènement de la « Pax Americana ».

Divertissement de masse, lubrifiant social porteur d’un discours multi-culturaliste, produit financier d’un marché planétaire, avec New York pour pôle, déclassant toute autre conception - jugée obsolète, réactionnaire, colonialiste voire immorale - ou forme de création, l’hégémonie arty fonctionne alors en vase clos sophistiqué.
Chaîne de production industrielle d’objets sériels - dépourvus de valeur artistique intrinsèque autant que d’identité, le consortium économique de l’art contemporain fabrique artificiellement de la valeur financière via leur circulation rapide, spéculative - entre collectionneurs, foires et biennales, galeries, salles des ventes, ports francs, musées, médias - à laquelle s’ajoute la consommation de produits dérivés.
Tel est le « système » global dominant parvenu à maturité, réseau solidaire mais traversé de féroces rivalités, et qui impose aux artistes, intellectuels, États et civilisations une norme mondiale aux cotes records, un standard international univoque, uniformisateur.

Dans la dernière décennie, une remise en cause se fait cependant jour, de la part d’États - petits ou grands - qui, récusant le rôle de relais du modèle US - champion de « valeurs sociétales », aspirent à promouvoir leur propre créativité - à la fois héritière et novatrice, et à rayonner à travers elle. Russie, pays africains, Australie, Inde, Japon, Polynésie marquent à leur manière la fracture politique opérée par l’émergence de la puissance chinoise dont le soft power fait école, ouvrant une ère multipolaire.
Si le krach de 2008 a épargné le « haut marché » et son business, le doute s’est en effet installé quant à la nature de la valeur de l’art contemporain, aux produits conceptuels, mi-financiers, mi-idéologiques, dont le pouvoir de mystification, relativisé par les acteurs entrants, décline.
Une nouvelle configuration des échanges artistiques s’installe, qui impacte les rapports entre global et local, et fait la part belle à la diversité.
Par ailleurs, la révolution numérique, qui offre de contourner le monopole de la visibilité de l’art contemporain, contribue au changement des règles du jeu au profit de courants esthétiques alternatifs ou dissidents, émanant notamment d’aires non-occidentales.

Territoires, forces en présence et faiblesses des différents « camps », évolutions séculaires et dernières métamorphoses… Un récit incisif, à la fois rétrospectif et panoramique, saturé de péripéties et rebondissements.

-L’auteure : Diplômée en droit et sciences politiques, Aude de KERROS a imposé depuis plus d’une décennie sa singularité d’essayiste de renom dans le domaine de la création artistique dont elle s’attache à restituer et faire connaître l’évolution "souterraine".
Ancienne pensionnaire de la Fondation Konrad Adenauer, lauréate de l’Institut de France (Prix de portrait Paul-Louis Weiller 1988), graveur et peintre dont les œuvres figurent au catalogue des collections du National Museum of Women in the Arts de Washington et du département des Estampes et de la photographie de la BNF, notamment, Aude de KERROS a présenté plus de quatre-vingts expositions en France et en Europe.
Contributrice à diverses revues, auteur ou coauteur de plusieurs ouvrages, lauréate 2012 du Prix Adolphe-Boschot de l’Académie des Beaux-Arts pour Sacré art contemporain - Évêques, inspecteurs et commissaires (Jean-Cyrille Godefroy / 2012), elle a par ailleurs publié -avec Marie SALLANTIN et Pierre Marie ZIEGLER-, 1983 - 2013 Les Années noires de la peinture Une mise à mort bureaucratique ? (Pierre-Guillaume de Roux / 2013), L’Art caché - Les dissidents de l’art contemporain (Eyrolles / nouvelle édition 2013) et L’Imposture de l’art contemporain – Une utopie financière (Eyrolles / 2015).