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- expo : Children Power - Le Plateau à Paris (jusqu'au 19 décembre)

le  15/12/2021   au plateau paris, 22 rue des Alouettes 75019 Paris

Mise en scène de le FRAC-Ile de France, le château de Rentilly et les réserves de Romainville avec une multitude d'oeuvres et de dessins présentés dans ses 3 lieux écrit par ou plutôt proposés par une multitude d'artistes


À l’occasion de l’ouverture de ses nouvelles réserves à Romainville, le Frac Île-de-France propose, entre mai et décembre 2021, un projet d’exposition en trois volets autour du thème de l’enfance intitulé Children Power, prenant place dans ses trois lieux : dans Les Réserves à Romainville - une sélection d’œuvres par les enfants - jusqu’au 6 juin ; au Château de Rentilly - une exposition sur l’enfance - jusqu’au 18 juillet ; et au Plateau à Paris - une exposition pour les enfants - jusqu’au 19 décembre.

**Ouverture de l'exposition aux adultes du 15 au 19/12...


Diane Arbus, Alex Ayed, John Baldessari, Roger Ballen, Daniel Barraco, Joël Bartoloméo, Philippe Bazin, Jean-Luc Blanc, Michel Blazy, Christian Boltanski, Melanie Bonajo, Carlos Bosch, Bruno Botella, Pierre Boulat, Anne Bourse, Ulla von Brandenburg, Carina Brandes, Jean-Paul Brohez, Stéphane Calais, Henri Cartier-Bresson, Daniel Challe, Monster Chetwynd, Cocktail Designers, Henri Coldeboeuf, Elaine Constantine, Julien Crépieux, Gabriel Cualladó, Keren Cytter, Bady Dalloul, Jean Daviot, Tacita Dean, Daniel Dewar & Grégory Gicquel, Bertrand Dezoteux, Rineke Dijkstra, Robert Doisneau, Florence Doléac, David Douard, Véronique Ellena, Ruud van Empel, Richard Fauguet, Jacques Faujour, Michel François, Charles Fréger, Aurélien Froment, Julia Fullerton-Batten, Ryan Gander, Daan van Golden, Laurent Grasso, Fabrice Gygi, Ali Hanoon, Candida Höfer, Bertrand Hosti, Pierre Huyghe, Sarah Jones, Richard Kalvar, Mikhail Karikis, Christian Kempf, Kapwani Kiwanga, William Klein, Oleg Kulik, Suzanne Lafont, Inez van Lamsweerde, Helen Levitt, Martine Locatelli, Ken Lum, Marie Lund, Robert Mapplethorpe, Maria Marshall, Jonathan Martin, Sabine Meier, Laurent Montaron, Jürgen Nefzger, Anouchka Oler-Nussbaum, Bill Owens, Florence Paradeis, Pierre Paulin, Chloe Piene, Barbara Probst, Jean-Charles de Quillacq, Laurence Reynaert, Marc Riboud, Jens Rötzsch, Édith Roux, Anri Sala, Margaret Salmon, August Sander, Françoise Saur, Daniel Schlier, Collier Schorr, Assaf Shoshan, Malick Sidibé, Société Réaliste, Virgilijus Šonta, Larry Sultan, Thu-Van Tran, Didier Trenet, Tursic & Mille, Pekka Turunen, Shoji Ueda, Janina Wick, Dana Wyse, Piet Zwart.

À l’occasion de l’ouverture de ses nouvelles réserves à Romainville, le Frac Île-de-France propose entre mai et décembre 2021, un projet d’exposition en trois volets autour du thème de l’enfance intitulé Children Power, prenant place dans ses trois lieux, dans Les Réserves à Romainville, au Château de Rentilly et au Plateau à Paris.

-Introduction :
Children Power est un projet en trois volets qui se déploie sur les différents sites du Frac Île-de-France – Le Plateau à Paris, les nouvelles réserves de l’institution à Romainville, Le Château à Rentilly – et qui, comme son titre l’indique sans ambigüité et même avec force, a trait au domaine de l’enfance.
Aborder ce domaine de l’enfance n’a rien d’anodin : c’est évoquer un âge on ne peut plus fondamental, celui où l’on découvre le monde, celui au cours duquel on se construit. Qui plus est, il est question d’un état que l’on a tous nécessairement connu et vécu, si nous ne sommes pas en train de le vivre encore : plus que tout autre sujet, on ne peut qu’être profondément touché lorsqu’on l’évoque tant il nous renvoie de fait à une part – essentielle – de nous-mêmes.

Ce domaine de l’enfance a bien évidemment été abordé par de nombreux artistes, il a fait l’objet de multiples expositions. Ces derniers temps, de Présumés innocents (Capc, 2000) à la récente exposition consacrée à l’enfance au Palais de Tokyo, nombreuses ont été les propositions ayant diversement traité un sujet aussi vaste que complexe. En parallèle, la relecture et le succès récent des pédagogies dites « alternatives », tout comme l’essor de nouvelles conceptions d’une médiation élargie dans le champ de l’art, ont révélé un intérêt accru pour l’éducation et par là même pour l’enfance.
Children Power s’inscrit dans ce mouvement et cette lignée. Pour autant, et au moment où le Frac-Île-de-France célèbre la naissance de ses nouvelles réserves, il entend proposer une expérience différente où l’enfant, l’adolescent sont résolument au cœur de la démarche instituée. De fait, proclamer que les enfants ont un pouvoir ou doivent l’avoir, c’est déjà s’organiser pour le leur reconnaître, le leur donner. Chacun des trois volets du projet – trois points de vue distincts plutôt qu’un seul au regard de ce sujet donc aussi vaste et complexe – est conçu selon ce mot d’ordre et avec cette ambition de renverser certaines conventions établies en la matière.
À Romainville, les enfants et les adolescents sont les vrais acteurs de ce qui est montré. Dans la partie centrale de l’exposition, les élèves de deux classes d’une école et d’un collège de la ville auront décidé seuls de ce qui est présenté au public pour une première expérience concrète de Sors de ta réserve !, le futur projet participatif des nouvelles réserves du Frac. La sélection qu’ils ont faite selon ce mode totalement décomplexé qui est le propre de l’enfance fait coexister de façon inédite un ensemble d’œuvres tous mediums confondus.

Autour de cet accrochage, profitant des espaces encore vides avant l’installation du mobilier et le transfert de la collection, l’exposition est élargie avec deux ensembles d’œuvres majeures de la collection ayant pour caractéristique de pouvoir être activées et rejouées à l’envi. Tout d’abord un ensemble de dispositifs
d’exposition et de diffusion – Le Kiosque électronique d’Olivier Vadrot, Project 4 Brane de Laurent Grasso, Extra-muros de Didier Trenet et la Vidéothèque mobile de Fabrice Gygi –, qui sont programmés en fonction de ce thème de l’enfance, et ensuite un ensemble de partitions d’artistes – Pierre Huyghe, Anri Sala, Société Réaliste, Thu-Van Tran –, qui seront exceptionnellement jouées et interprétées de façon régulière par de jeunes musiciens issus des conservatoires de l’agglomération tout au long de l’exposition.

Au Château de Rentilly, il s’agit de s’intéresser à la façon dont les artistes ont pu, par l’image – photographique ou vidéographique –, représenter l’enfance et l’adolescence. Pour ce faire, une recherche a été effectuée au sein des collections publiques avec, d’emblée, une règle bien précise : ne retenir que les pièces où la présence de l’enfant – ou de l’adolescent – est résolument centrale. Au-delà de la traversée de la représentation de l’enfant proposée – de la fin du XIXe siècle à nos jours –, en résulte un dispositif où le visiteur a l’étrange impression de se sentir cerné, scruté par les regards d’enfants qui habitent Le Château comme autant de fantômes : si, de fait, cette présence n’est qu’illusoire et que de surcroît ces enfants et autres adolescents ne sont plus, ils occupent néanmoins avec force les espaces investis et gardent tout leur immense pouvoir d’attraction.

Au Plateau, l’exposition est exclusivement réservée aux enfants : les adultes ne peuvent y accéder que s’ils sont accompagnés de moins de dix-huit ans. Pour l’occasion, quinze artistes ont été invités à produire de nouvelles pièces en fonction de ce contexte particulier. Au-delà du jeu (d’enfant) proposé et ce retournement de l’interdit habituel – une notion d’interdit si présente et active pendant l’enfance où l’on est irrémédiablement attiré par ce qui nous est caché –, il s’agit là, avec cet espace qui leur est réservé, d’une façon on ne peut plus radicale d’affirmer la place centrale que les enfants et les adolescents occupent dans le projet. Films et vidéos revisitant de façon singulière le monde de l’enfance, jeux conceptuels inédits, espace « clubbing » à destination des adolescents… les artistes invités, pas forcément attendus sur le sujet, jouent allègrement de ce contexte spécifique pour des œuvres sans concession. Par ailleurs, l’ensemble des outils de médiation et la programmation autour de l’exposition – journal, magazine vidéo, évènements, rencontres, etc. – sont eux-mêmes revisités et investis de façon exceptionnelle par les enfants eux-mêmes.

Ainsi, par ce triptyque où l’enfant est tour à tour acteur, sujet et destinataire du projet, Children Power offre une expérience inédite concernant celles et ceux qui feront le monde de demain. Dans cette idée de multiplier les points de vue sur ce domaine de l’enfance, un recueil de textes d’auteurs – toutes disciplines confondues – ayant trait à ce domaine de l’enfance est édité. Au-delà du simple catalogue d’exposition, de Michel Leiris à Hannah Arendt, en passant par Robert Filliou, Maria Montessori ou encore Walter Benjamin – 53 textes sont ainsi publiés –, il nous permet de revisiter en toute intelligence cet âge qui nous est essentiel." - Xavier Franceschi, directeur du Frac Île-de-France.

-Dans les réserves, une sélection d'oeuvres par les enfants et un programme d'activation de pièces de la collection du FRAC (du 19 mai au 6 juin) :
Alex Ayed, John Baldessari, Jean-Luc Blanc, Bruno Botella, Stéphane Calais, Bady Dalloul, Jean Daviot, Florence Doléac, Richard Fauguet, Candida Höfer, Kapwani Kiwanga, Marie Lund, Jürgen Nefzger, Bill Owens, Florence Paradeis, Daniel Schlier, Dana Wyse & Cocktail Designers, Laurent Grasso, Fabrice Gygi, Pierre Huyghe, Ken Jacobs, Anri Sala, Société Réaliste, Didier Trenet, Thu-Van Tran.

Proclamer que les enfants doivent avoir du pouvoir, c’est déjà s’organiser pour le leur confier : le principe de l’exposition dans ces nouvelles réserves consiste en particulier à ce que les enfants et les adolescents soient réellement acteurs de ce qui est montré. Que ce soient eux qui décident de ce qui sera présenté.

En l’occurrence, les élèves de deux classes d’une école et d’un collège de Romainville** ont été invités à sélectionner toutes les œuvres de la partie centrale de l’exposition, première expérience concrète de Sors de ta réserve !, le futur projet participatif des Réserves. À la suite de toute une série de rencontres
organisées par le service des publics sur plusieurs mois en classe pour découvrir la collection et après que les jeunes participants aient choisi de traverser cette collection sous l’angle de la notion de portrait – une notion abordée de la façon la plus large qui soit : portraits de personnages, portraits de villes, portraits imaginaires, etc. –, plus de 50 œuvres auront été présélectionnées pour au final, après moult échanges, débats puis votes, arriver à ce qui est exposé aujourd’hui. Ainsi, les enfants participants auront entre autres choisi de faire se côtoyer une étrange tête peinte sous verre de Daniel Schlier, un buste entaillé de Marie Lund, une performance vidéo de John Baldessari, une composition florale de Kapwani Kiwanga ou bien encore un sac de sable du Sahara déposé au sol d’Alex Ayed… Autant dire que le résultat, établi selon ce mode totalement décomplexé qu’est le propre de l’enfance lorsqu’on lui donne les moyens d’exister, est détonnant.

Autour de cet accrochage, l’idée aura été de profiter des espaces encore vides, en attente de l’installation du mobilier de stockage de la collection, pour étendre de façon exceptionnelle l’exposition et présenter un autre ensemble d’œuvres de la collection. À nouveau, cette sélection se sera opérée avec l’idée que les enfants soient au coeur de chacun des projets. Il se trouve que le Frac Île-de-France a constitué deux ensembles très particuliers au sein de sa collection. Tout d’abord, un premier ensemble d’œuvres ayant pour point commun de donner la possibilité d’intégrer une programmation d’autres œuvres ou évènements en leur sein. Il s’agit de dispositifs d’exposition ou de diffusion réactivables à l’envi conçus donc par des artistes, particulièrement intéressants pour un Frac : au-delà des questions essentielles qu’ils soulèvent quant à la valeur d’usage d’une œuvre, ils permettent d’investir tout type d’espace pour proposer non seulement une œuvre, mais un projet – parfois à caractère performatif – à chaque fois renouvelé. Pour ce volet de Children Power dans Les Réserves, quatre de ces dispositifs sont ainsi présentés : Le Kiosque électronique d’Olivier Vadrot/Cocktail Designers, Project 4 Brane de Laurent Grasso, Extra-muros de Didier Trenet et la Vidéothèque mobile de Fabrice Gygi. Et pour chacun d’eux un programme inédit est mis en place avec à chaque fois un lien explicite à l’enfance. Le Kiosque électronique sera activé par des enfants et des adolescents qui y organiseront une série de concerts, Project 4 Brane présentera Child Labor, une vidéo de Ken Jacobs appartenant à la collection, Extra-muros encadrera une chorale d’enfants qui viendra chanter régulièrement et la Vidéothèque mobile proposera une programmation exceptionnelle de films – d’artistes ou issus du cinéma – une fois encore spécifiquement orientés sur l’enfance.

Le deuxième ensemble d’œuvres qui fait également l’originalité de la collection du Frac Île-de-France est constitué de partitions musicales conçues par des artistes plasticiens. On le sait, les artistes ont multiplié ces derniers temps les relations entre leur domaine de prédilection et le champ sonore et musical. Ces œuvres, outre leur beauté purement graphique, signifient autant d’activations possibles et donnent la possibilité au Frac d’organiser de véritables concerts à partir de sa propre collection. Ici, à nouveau, ce sont des enfants et des adolescents notamment issus de plusieurs conservatoires de l’agglomération d’Est Ensemble***, qui viendront les jouer, et le public pourra, sans qu’il soit spécialement prévenu, assister au cours de sa visite à leurs interprétations des pièces de Pierre Huyghe, Anri Sala, Société Réaliste ou encore de Thu-Van Tran.
On l’aura donc compris : au cœur du projet et à plus d’un titre, il y a les enfants. En attendant qu’ils fassent le monde de demain, ce sont eux qui font réellement Children Power.

*Une sélection d'oeuvres de la collection par les enfants : Avec des œuvres de Alex Ayed, John Baldessari, Jean-Luc Blanc, Bruno Botella, Stéphane Calais, Bady Dalloul, Jean Daviot, Florence Doléac, Richard Fauguet, Candida Höfer, Kapwani Kiwanga, Marie Lund, Jürgen Nefzger, Bill Owens, Florence Paradeis, Daniel Schilier, Dana Wyse.
Les enfants d’une classe de CM2 et d’une classe de sixième de Romainville sont les commissaires de cette première présentation d’œuvres dans les espaces des Réserves ouverts au public. Les deux classes ont travaillé avec l’équipe des publics du Frac qui les a accompagnés dans ce travail de sélection des œuvres – autour de la thématique du portrait – et de réflexion sur la mise en relation des pièces entre elles.

*Une activation de l'ensemble des modules d'exposition de la collection :
Ces dispositifs sont activés par les enfants, dans le cadre du travail mis en place avec l’équipe des publics du Frac : la Vidéothèque mobile de Fabrice Gygi (1998), Extra-muros de Didier Trenet (2007), Project 4 Brane de Laurent Grasso (2007).

*Des performances musicales à partir d'oeuvres de la collection :
Des œuvres musicales et partitions de la collection sont activées par des groupes d’enfants et adolescents de 7 conservatoires du territoire Est Ensemble : Pantin, Bondy, Montreuil, Bagnolet, Noisy-le-Sec, Le Pré-Saint-Gervais, Romainville : Cocktail Designers, Le Kiosque électronique (2004) ; Pierre Huyghe, Silence Score (1997) ; Anri Sala, A Spurious Emission (2007) ; Thu-Van Tran, Arirang Partition (2009).

-Au château, une exposition sur l'enfance (du 19 mai au 18 juillet) :
Diane Arbus, Roger Ballen, Daniel Baracco, Joël Bartoloméo, Philippe Bazin , Christian Boltanski, Melanie Bonajo, Carlos Bosch, Pierre Boulat, Carina Brandes, Jean-Paul Brohez, Henri Cartier-Bresson, Daniel Challe, Henri Coldebœuf, Elaine Constantine, Julien Crépieux, Gabriel Cualladó, Tacita Dean, Rineke Dijkstra, Robert Doisneau, Véronique Ellena, Ruud van Empel, Jacques Faujour, Charles Fréger, Aurélien Froment, Michel François, Julia Fullerton-Batten, Daan van Golden, Ali Hanoon, Bertrand Hosti, Sarah Jones, Richard Kalvar, Mikhail Karikis, Christian Kempf, Wiliam Klein, Oleg Kulik, Suzanne Lafont, Inez van Lansweerde, Helen Levitt, Martine Locatelli, Ken Lum, Robert Mapplethorpe, Maria Marshall, Sabine Meier, Laurent Montaron, Chloe Piene, Barbara Probst, Laurence Reynaert, Marc Riboud, Jens Rötzch, Édith Roux, Anri Sala, Margaret Salmon, August Sander, Françoise Saur, Collier Schorr, Assaf Shoshan, Malick Sidibé, Virgilijus Šonta, Larry Sultan, Pekka Turunen, Shoji Ueda, Janina Wick, Piet Zwar.

Au Château de Rentilly, il s’agit de s’intéresser à la façon dont les artistes ont pu, par l’image – photographique ou vidéographique –, représenter l’enfance et l’adolescence. Pour ce faire, une recherche systématique a été effectuée pour voir ce que certaines collections publiques – et pas des moindres : le Centre national des arts plastiques, les vingt-trois Fonds régionaux d’art contemporain – pouvaient receler en la matière.
Avec, d’emblée, une règle bien précise : ne retenir que les pièces où la présence de l’enfant – ou de l’adolescent – est résolument centrale. En d’autres termes, des œuvres conçues dans ce but clairement affiché de représenter par l’image l’enfance, l’adolescence. En elle-même, cette règle induit d’emblée une forme bien précise d’exposition : celle offrant un espace où le visiteur sera environné d’images d’enfants, où il sera cerné, voire scruté par les regards de ces enfants, considérant que l’un des traits récurrents de ces images est bien de les avoir enregistrés fixant l’objectif de l’appareil de prise de vue du photographe.

Évidemment, cette présence, aussi forte soit-elle, est illusoire et on retrouve là l’essence même de la photographie qui nous confronte à un réel qui de fait n’est plus. Avec ces photographies d’enfants et d’adolescents, ce paradoxe semble atteindre son acmé : s’il y a une représentation qui en la matière nous touche profondément, c’est bien celle de l’enfant. Outre le fait qu’il s’agit – a priori – d’êtres innocents que l’on aurait instinctivement tendance à protéger, ce que nous voyons d’eux, nous, adultes, nous renvoie forcément à ce que nous avons été et cette forme d’identification relative à cet âge essentiel de la vie – celui de la découverte du monde et de la construction de soi – s’avère forcément troublante. Elle l’est d’autant plus que, donc, cet âge n’est plus. Il n’est plus pour nous, adultes, et il n’est plus pour la grande majorité des enfants photographiés. Ainsi donc, et c’est ce qui nous touche, nous atteint littéralement au plus profond, nous sommes confrontés à une double disparition : celle de notre enfance, celle de la leur. Et même plus : une disparition tout court, définitive, si l’on se réfère notamment à la date de prise de vue qui peut sans conteste, au cas échéant, le certifier.

Cette façon de concevoir les photographies d’enfants, où le trouble de la représentation, de la mémoire qu’elle convoque, s’exerce en mêlant singulièrement grâce et douleur, est l’un des fondements de l’œuvre – centrale dans l’exposition – Les enfants de Berlin de Christian Boltanski, voire au cœur de la démarche toute entière de l’artiste. Comme il le dit lui-même « on porte un enfant mort en nous – nous mort en tant qu’enfant – et plus on avance, plus on oublie cet enfant ».

Ainsi, pour ce volet de Children Power, aux fantômes de Christian Boltanski s’ajoutent ceux de cinquante-sept autres artistes – certains très célèbres, auteurs de véritables icônes présentes dans l’exposition, d’autres qu’il est plus qu’intéressant de redécouvrir – qui viennent habiter, hanter Le Château de Rentilly.
Le hanter : au-delà de ces photographies, les espaces sont laissés délibérément vides – pour la première fois, aucune œuvre en volume dans l’espace – et les lumières, les filtres obscurcissant la lumière du jour, jouent le rôle qu’ils doivent jouer dans cette perspective. Mais Children Power ne saurait se résumer à une histoire de fantômes.
L’exposition comprend une série de vidéos où les enfants, les adolescents, animés qu’ils sont, nous apparaissent indéniablement plus vivants. Gageons qu’en cette période si particulière et dès que la crise sanitaire le permettra, d’autres enfants – en chair et en os, ceux-là – viendront peupler Le Château et prendre définitivement le pouvoir…

-Au Plateau, une exposition pour les enfants (du 19 mai au 19 décembre) - Exposition interdite aux plus de 18 ans :
Michel Blazy, Anne Bourse, Ulla von Brandenburg, Monster Chetwynd, Keren Cytter, Daniel Dewar & Grégory Gicquel, Bertrand Dezoteux, David Douard, Richard Fauguet, Ryan Gander, Jonathan Martin, Anouchka Oler-Nussbaum, Pierre Paulin, Jean-Charles de Quillacq, Tursic & Mille.

- Noémie (7 ans) : Ça veut dire quoi « Children Power » ?
- Xavier Franceschi : Ça veut dire « le pouvoir des enfants », en anglais. C’est le titre de l’exposition.
- Quentin (6 ans) : Ils ont des super-pouvoirs ?
- XF : Ah peut-être, oui ! (rires) ; mais pas forcément comme des super-héros !.. C’est plutôt leur reconnaître une place à part. Se dire que les enfants ont une façon de voir le monde qui leur est propre. Ce monde, ils le découvrent, c’est tout frais, et on peut se dire que du coup la perception qu’ils en ont – une perception qui n’est pas ou qui n’est plus la nôtre, nous adultes –, la perception que vous en avez, a une grande valeur, une force dont il faut tenir compte.
- Kadidiatou (8 ans) : C’est une exposition sur les enfants ?
- XF : Non, pas exactement. C’est plutôt une exposition imaginée pour les enfants. En fait tout l’espace de l’exposition leur sera réservé ; les adultes, sauf s’ils sont accompagnés d’enfants, de jeunes de moins de dix-huit ans, ne pourront y rentrer. Et on a invité des artistes à faire des œuvres spécialement pour l’occasion.
- Quentin :Mes parents, ils pourront pas y aller ?
- XF : Si ; si tu les accompagnes, ils pourront rentrer.
- Noémie : Mais pourquoi c’est interdit aux adultes ?
- XF : C’est un peu comme un jeu. En général, c’est plutôt l’inverse. Il y a des expositions, des films, des livres interdits aux enfants. Là, c’est l’idée de faire le contraire. Se dire : « voilà, cette fois-ci, c’est que pour les enfants, les adultes vous pouvez venir, mais il faut l’accord des enfants ».
- Apolline (9 ans) : C’est comme dans les pays où juste un moment le roi et la reine deviennent les serviteurs et les serviteurs deviennent le roi et la reine ?
- XF : Oui ! c’est exactement ça.
- Charles (15 ans) : Il y aura quoi dans l’exposition ?
- XF : Des peintures, des sculptures, des films…
- Charles : … oui, mais des trucs pour les petits ?..
- XF : Pas seulement. Pour tout le monde. Il y aura des œuvres qui intéresseront peut-être plus les petits et d’autres plus les grands, les adolescents. Mais en fait, ça devrait intéresser tout le monde, même les adultes, à vrai dire.
- Charles : Pourquoi ?
- XF : Ah, c’est difficile à dire… Disons que ce que fait un artiste, c’est toujours un peu inattendu et ça fait qu’on s’y intéresse, quel que soit notre âge.
- Quentin : C’est qui, les artistes ?
- XF : Ce sont des artistes français et étrangers, qui sont encore assez jeunes. Ils ont donc fait pour la plupart des œuvres en sachant que l’exposition serait interdite aux adultes. Mais ils n’ont pas changé leur façon de faire pour autant, c’est dans la logique de ce qu’ils font habituellement.
- Noémie : Et ils ont des enfants, les artistes ?
- XF : Ah, je ne sais pas (rires)… C’est une bonne question… En tout cas, ils ont adoré imaginer quelque chose pour cette exposition. Et pour la plupart, ils ont fait des œuvres qu’on verra pour la première fois. Comme celle-là, par exemple.
- Noémie : C’est quoi ?
- XF : C’est une image d’un film qui sera dans l’exposition. On y voit une main qui n’arrête pas de fermer une fermeture éclair.
- Noémie : C’est bizarre…
- XF : Oui, très. Et c’est très beau, en même temps. Il y a aussi cet autre film : là, on y voit des gens qui s’enduisent le visage d’une crème et qui du coup peuvent voler.
- Apolline : C’est que des choses bizarres…
- XF : Pas seulement. Par exemple, il y a aussi ces peintures de fromage… Là, on reconnaît tout de suite du camembert…
- Kadidiatou : Et là, du roquefort !
- XF : Oui. En même temps, on peut trouver étrange de faire des grandes peintures comme ça pour représenter du fromage…
- Noémie : Moi, je ne trouve pas. C’est bien fait.
- Charles : Et ça, c’est quoi ?
- XF : C’est une machine dans le mur. Quand tu appuies sur le bouton, ça te donne un ticket.
- Charles : Et il y a quoi sur le ticket ?
- XF : Des chiffres, qui sont ceux d’une longitude et d’une latitude d’un point sur la planète. Libre à toi d’aller voir où c’est exactement.
- Kadidiatou : C’est pour voyager ?
- XF : Oui, en quelque sorte. Et il y aura plein d’autres choses, qu’on n’est pas censé trouver dans une exposition, comme un espace pour danser, par exemple…
- Louise : Pour danser ? On pourra y mettre de la musique ?
- XF : Non, la musique est déjà là, c’est un autre artiste qui l’a composée spécialement pour cette proposition. Mais vous pourrez venir quand vous voulez et danser comme vous voulez.
- Apolline : Et il y aura des jeux, aussi ?
- XF : Oui. On va notamment y organiser un « Escape game ».
- Quentin : C’est quoi ?
- XF : C’est un jeu où il faut répondre à des énigmes pour pouvoir sortir du lieu où on est.
- Apolline : J’en ai fait un avec mon père, c’était super. Et là, il pourra le faire avec moi ?
- XF : Non, là, ce sera uniquement pour les enfants. Mais pour les adultes qui ne pourront rentrer, il y aura quand-même quelque chose dans le hall d’accueil…
- Louise : Quoi ?
- XF : Un magazine vidéo qu’on a réalisé avec des enfants. On les a filmés alors qu’ils découvraient des œuvres de l’exposition et on les voit réagir alors qu’on ne voit pas les œuvres en question, elles restent hors champ. Et puis on les a fait rencontrer certains artistes de l’exposition et ils les ont interviewés. Donc ça, tout le monde pourra le voir dans le hall d’accueil.
- Charles : C’est payant, l’exposition ?
- XF : Non, c’est gratuit. Comme tout ce qu’on fait. On tient à ce que tout le monde, même ceux qui n’ont pas beaucoup d’argent, puisse avoir accès à l’art, aux artistes… Enfin, là, ce n’est pas tout à fait le cas, il y en a qui ne pourront donc pas entrer (rires), mais maintenant, vous avez compris pourquoi...



 
 
 
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