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- expo : Catherine Sellers, une vie de théâtre à la BnF (jusqu'au 20 mars)

le  01/02/2022   au BnF / François-Mitterrand - galerie des Donateurs, quai François Mauriac 75013 Paris

Mise en scène de la BnF avec des photographies d’artistes, des lettres, des carnets, des costumes, des affiches et des programmes de spectacle écrit par ou plutôt proposé par la BhF




La Bibliothèque nationale de France célèbre la comédienne Catherine Sellers (1926-2014), figure marquante de la scène théâtrale du XXe siècle, en lui consacrant une exposition.

Interprète des plus grands auteurs, de Racine à Tchekhov en passant par Claudel et Virginia Woolf, Catherine Sellers (1926-2014) a vécu les 1001 vies propres aux comédiennes de grand talent, jalonnées par des rencontres déterminantes avec Albert Camus, Marguerite Duras, Jean-Louis Barrault ou Pierre Tabard, son époux, avec lequel elle créa une compagnie de théâtre.

Photographies d’artistes, lettres, carnets, costume, affiches et programmes de spectacle... une centaine de documents sélectionnés parmi les 2000 pièces léguées par le couple Sellers-Tabard à la BnF mettent à nouveau Catherine Sellers sous les feux des projecteurs.

-Une vie de théâtre :
Née à Paris en 1926, elle s’installe après-guerre en Angleterre, étudie les auteurs élisabéthains, puis rentre en France. Dès 1951, elle s’inscrit au cours d’art dramatique de Tania Balachova o˘ elle cÙtoie Antoine Vitez, Georges Wilson et Michael Lonsdale. Devenue comédienne, elle joue avec les plus importants metteurs en scène de son époque : Jean-Louis Barrault, Jean Vilar, Claude Régy et surtout Albert Camus, rencontre qui la marquera à vie.
Au début des années 1960, elle fait la connaissance de Marguerite Duras. Catherine Sellers jouera plusieurs de ses pièces et trois de ses films parmi lesquels Détruire, dit-elle et La femme du Gange.

Couronnée par le Prix de la meilleure comédienne de théâtre en 1982 du Syndicat de la critique, pour son interprétation dans Virginia d’Edna O’Brien d’après les textes et lettres de Virginia Woolf, Catherine Sellers se lance avec son époux le comédien Pierre Tabard dans la production, en créant la Compagnie Pierre Tabard en 1984.
Entrées par legs en 2014 au département des Arts du spectacle de la BnF, les archives du couple Sellers/Tabard comptent près de 2000 documents dont la grande diversité offre l’opportunité unique de cerner la personnalité de Catherine Sellers, figure incontournable de la scène des années 1950 à 2000.

-Une vie de rencontres :
Printemps 1955 à Paris. Albert Camus assiste à la représentation de La Mouette montée par André Barsacq et repère Catherine Sellers. Dans un carnet, il écrit « Août 56. Catherine Sellers. J’aime ce petit visage soucieux et blessé, tragique parfois, beau toujours ; ce petit être aux attaches trop fortes mais au visage éclairé d’une flamme sombre et douce, celle de la pureté, une âme » et l’engage sur deux de ses adaptations théâtrales, Requiem pour une nonne de Faulkner (1956) et Les Possédés de Dostoïevski (1959). Ainsi débute une collaboration théâtrale déterminante et une liaison amoureuse qui ne s’achèvera qu’à la mort accidentelle de l’écrivain. De nombreux documents en témoignent, comme des carnets de
notes, des épreuves d’éditeurs corrigées de la main de l’écrivain, des photographies de scènes, dont une signée Doisneau, leur correspondance dont la dernière lettre de Camus à Sellers, datée du 30 décembre 1959, soit cinq jours avant l’accident qui lui coûta la vie.

À la même époque, Jean-Louis Barrault « emprunte » la comédienne pour interpréter trois pièces de Claudel, dont Le Soulier de satin, et Andromaque de Racine (1962). Un dessin de l’une des robes de Lucien Coutaud, un cliché de la comédienne portant le modèle et trois notes de jeu manuscrites du metteur en scène attestent de cette collaboration majeure.
1960 est l’année de la consécration. L’affiche du 14e festival d’Avignon annonce Catherine Sellers dans Antigone, dirigée par Jean Vilar. La manifestation est immortalisée par Agnès Varda, alors photographe du TNP (Théâtre national populaire). Sellers joue dans la Cour des Papes, avant de reprendre la pièce à Paris. Un recueil de coupures de presse, élaboré par le festival permet ainsi de suivre la réception critique des journalistes entre Avignon et Paris.

Catherine Sellers et Pierre Tabard font la connaissance de Marguerite Duras au début des années 1960. L’autrice passe alors derrière la caméra et fait jouer Catherine Sellers à trois reprises, faisant d’elle l’une de ses interprètes fétiches, au théâtre comme au cinéma. À propos de Catherine Sellers, elle écrit « elle joue toujours plus loin que la scène, toujours. Et à la place toujours dangereuse ». Un script, une lettre de l’écrivaine (1969), un extrait filmé du tournage de Détruire, dit-elle et des photographies dont certaines de Jean Mascolo, documentent cette rencontre.
Dès 1953, le jeune Claude Régy la dirige dans La Vie que je t’ai donnée de Pirandello ; la presse salue le jeu de Sellers « au service d’une scénographie novatrice ». Le metteur en scène est exigeant, la comédienne note ses impressions dans un carnet. Ils se retrouvent dans Le nom d’Œdipe (1978), un opéra sur un texte d’Hélène Cixous dont elle est la Jocaste parlée, parallèlement à une Jocaste chantée, Sigune von Osten.
Photos, programmes et articles de presse témoignent de leur longue collaboration jusqu’à Variations sur la mort de Jon Fosse, o˘ elle fat sa dernière apparition sur scène.

Acteur de théâtre et de cinéma, mais aussi metteur en scène, Pierre Tabard (1927-2003) a fondé avec son épouse Catherine Sellers la compagnie Pierre Tabard en 1984, produisant de nombreuses pièces dont certaines ont réuni sur scène les époux (Phèdre aux Bouffes du Nord en 1989, L’Amante anglaise au Studio des Champs-Elysées en 1997). Leur dernière production est l’adaptation de La Chute de Camus ; il est seul en scène et l’affiche illustrée d’une photographie de Camus nous précise qu’il se place « sous le regard de Catherine Sellers ».



 
 
 
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