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- spectacle : Black Legends à Bobino à Paris (jusqu'au 8 janvier 2023)

le  29/09/2022   au sein de Bobino, 14-20 rue de la Gaîté 75014 Paris (du jeudi au samedi à 21h, dimanche à 17h, et du mardi au dimanche pendant les vacances scolaires)

Mise en scène de Valéry Rodriguez avec 20 danseurs, chanteurs et musiciens écrit par Valéry Rodriguez


Une grande fresque musicale en 36 tableaux qui retrace près d'un siècle de musique afro-américaine, du Cotton Club à Beyoncé.

Ainsi s’ouvre Black Legends, grande fresque musicale qui, en 36 tableaux, retrace presque un siècle de la musique afro-américaine : du Cotton Club, donc, à l’élection de Barack Obama en passant par l’avant-guerre et la lutte pour les droits civiques.
Pour cette revue musicale destinée à tous les publics, 20 chanteurs, danseurs et musiciens s’activent sur un plateau où les instruments résonnent live : guitare, basse, batterie et cuivres. On s’émeut à l’écoute de " Strange Fruit", " A Change is Gonna Come " ou " Free ", on danse sur " ABC ", " Crazy in Love ", le disco et le hip hop. Au fil des tableaux, on suit la lutte pour l’émancipation des Noirs américains, la violente absurdité de la ségrégation, la lutte pour les droits civiques, l’affirmative action et un espoir qui se concrétise enfin avec l’élection de Barack Obama, sans pour autant, hélas, occulter le racisme systémique américain.
En une heure trente, tous les grands noms de la musique noire américaine répondent présents, incarnés par des chanteurs et danseurs de haute voltige. Les costumes, les décors et le son épousent toutes les époques.

-Une grande histoire de la musique afro-américaine :
Au début du XXe siècle, la population noire sudiste tente sa chance dans les grandes villes du nord des États-Unis, telles que Chicago ou Detroit. Mais, s’ils n’y sont pas persécutés comme en Alabama ou dans le Mississippi, ils se retrouvent parqués dans des ghettos. Dans une métropole comme New York, l’effervescence artistique profite du mouvement Renaissance de Harlem, dans l’entre-deux-guerres et des fêtes mémorables du Cotton Club. Or, quand les plus grands, tels Louis Armstrong et Cab Calloway, se produisent sur scène, l’entrée est interdite aux personnes noires.
En 1939, Strange Fruit, chanté par Billie Holiday, dénonce la réalité quotidienne des Noirs dans les états sudistes où sévit la ségrégation. Ne pas marcher sur le même trottoir qu’un blanc, ne pas fréquenter la même piscine, la même école, le même restaurant, ne pas avoir le droit de vote... et être lynché pour un oui ou pour un non. Dans les années 50, des voix se font de plus en plus entendre. Martin Luther King ou Malcolm X défendent les opprimés tandis que le jeune Emmett Till est kidnappé, torturé et assassiné pour avoir sifflé une femme blanche. Les tensions montent. Le 1er décembre 1955, dans un bus de Montgomery, Alabama, une certaine Rosa Parks ne cède pas sa place à un homme blanc. Emprisonnée, elle est néanmoins soutenue par l’opinion publique. En 1956, la ségrégation raciale dans les bus d’Alabama est déclarée anticonstitutionnelle par la Cour suprême.

En 1963, Martin Luther King organise une grande marche sur Washington et prononce le célèbre discours : " I Have A Dream". Il y rappelle que tant que les personnes noires ne seront pas considérées comme des citoyens à part entière, le pays ne pourra trouver la paix sociale. En 1964, le Civil Rights Act déclare illégale la discrimination reposant sur la race, la couleur, la religion, le sexe ou l’origine nationale, et ce, concernant les recrutements, la fonction publique, les salaires, le logement, l’enseignement et les opérations électorales. Des émeutes éclatent, Malcolm X est assassiné en 1965, et, après une autre victoire, celle du droit de vote enfin accordé aux Noirs américains, Martin Luther King est aussi tué, en 1968. Le choc est immense.
Après les batailles sociales et juridiques, le sentiment d’injustice perdure les décennies suivantes, même si des figures comme Angela Davis, chantre de l’afro féminisme, se font entendre. Après la salvatrice explosion de la soul, à l’aura pop façonné grâce à des labels comme la Motown, les seventies s’avèrent flamboyantes, cultivant toute l’inventivité du blues, de la soul toujours, mais aussi du jazz, du funk...

Alors que les années 80 voient les familles noires accéder à la classe moyenne, voire la bourgeoisie, la culture afro-américaine gagne du terrain dans les médias. Des fortes personnalités comme Oprah Winfrey, actrice mais aussi animatrice de son propre show, devient une figure télévisuelle célèbre à travers le monde. Affranchi des Jackson 5, Michael Jackson révolutionne la piste de danse et la tête des classements. Entre temps, initié par Afrika Bambaataa et la Zulu Nation, le hip hop prend racine dans le Bronx, puis gagne toute la côte Est. Son militantisme, lorsqu’il traverse le pays jusqu’en Californie, est revisité au début des années 90 via un prisme gangsta rap, plus tape-à-l’œil. Les rappeurs sont sacrés nouvelles rock stars tandis que le R’n’B s’installe dans le paysage sonore pour ne plus le quitter.

De Whitney Houston à Beyoncé en passant par Mary J. Blige, les divas noires américaines imposent leur voix, leur charisme et leurs convictions. Et nous laissent tous Crazy in love alors qu’en 2008, on assiste à l’élection du premier président afro-américain, Barack Obama. Un nouveau grand souffle d’espoir, hélas balayé quelques années plus tard par le règne trumpien. Mais il reste une étape importante dans la reconnaissance sociétale de la population noire américaine, dont le patrimoine artistique nourrit depuis toujours la pop culture. Ses hymnes inoubliables ont accompagné un bon nombre d’activistes, célèbres et anonymes, et résonnent dans Black Legends.



 
 
 
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