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- expo : Vivre en peinture de Corinne Deville 1930-2021 au musée d'Art et d'Histoire de l'hôpital Saint-Anne (jusqu'au 26 mars)

le  17/09/2022   au musée d'Art et d'Histoire de l'hôpital Saint-Anne, 1 rue Cabanis 75014 Paris (ouvert du mercredi au dimanche de 13h à 18h)

Mise en scène de Anne-Marie Dubois avec des tableaux et des sculptures écrit par ou plutôt créé par Corinne Deville




"Des personnages fantastiques et étonnement colorés, des voyages autour du monde en mille et un fantasmes, un bestiaire et des métamorphoses d’une immense créativité, des maisons multiformes pour abriter un imaginaire débordant et enfin le rêve d’une vie pleine de sérénité, d’apaisement dans le cadre d’images de la Suisse, telle qu’elle pouvait se la représenter. Comme un idéal qu’elle trouvait enfin.
Ainsi en est-il du cheminement de l’œuvre de Corinne Deville et du parcours de l’exposition de ses œuvres. Cette artiste, car il s’agit d’une véritable artiste, a dédié sa vie à la peinture : vivre en peinture. Une femme libre et déterminée dans ses choix et dans son désir de création. Dès l’enfance elle a commencé à peindre, à dessiner et à créer des structures. Alors que la guerre faisait rage dans ses Ardennes natales. Par la suite, quels que furent les événements de sa vie, elle continua.
Un mariage alors qu’elle était encore fort jeune, cinq enfants, une vie partagée entre Paris, Reims et d’autres lieux, de multiples maisons aménagées à son image. Puis ce fut son rêve de vie en Suisse; le pays de ses idéalisations. Sa passion créative ne s’est jamais tarie malgré des périodes parfois difficiles sur le plan de sa vie psychique et physique. Elle a toujours cherché, inventé, voire provoqué.
Si le Musée d’Art et d’Histoire de l’Hôpital Sainte-Anne présente cet œuvre, c’est que Corinne Deville entre en parfaite résonance avec les missions de celui-ci : art et psychiatrie. À savoir présenter les œuvres de personnes qui ont été confrontées à la psychiatrie ou à la maladie, mais qui ont toujours pu et su maintenir leur cheminement d’artiste envers et contre tout, ainsi en est-il de multiples artistes de la Collection Sainte-Anne; ainsi en est-il de Corinne Deville. Des artistes dont l’œuvre s’inscrit dans une véritable histoire de l’art et de la création.
Présentée auparavant partiellement à Charleville-Mézières puis à Reims, cet œuvre – en peinture et en sculpture – se déploie très largement dans les salles du MAHHSA, avec toute l’attention et le sens qui lui sont porté." - Anne-Marie Dubois

Le MAHHSA présente chaque année deux expositions majeures. Elles sont généralement imaginées autour de thèmes : les œuvres de la Collection Sainte-Anne sont alors souvent présentées, accompagnées d’œuvres d’artistes contemporains qui viennent compléter le déroulé et l’illustration du thème. D’autres fois, sont abordées des monographies d’artistes de la Collection.
Aujourd’hui le choix du MAHHSA semble différent et pourtant la monographie présentée entre en parfaite résonance avec les missions du musée, à savoir explorer la multiplicité des liens ‒ et des non liens ‒ entre art et psychiatrie.
Corinne Deville est une artiste qui n’a jamais produit d’œuvre à Sainte-Anne. Cependant, son parcours artistique est exemplaire de ces artistes, qui, quels que soient les aléas de leur existence, ont toujours pu et su maintenir leur cheminement imaginatif et de création; «envers et contre tout», ainsi en est-il d’ailleurs de multiples artistes de la Collection Sainte-Anne. Ainsi en est-il de Corinne Deville qui, envers et contre toutes les péripéties de sa très longue vie, parfois très heureuse, parfois très difficile, a poursuivi sa nécessité vitale de peindre et de dessiner, de dire, d’imaginer et de raconter.
Une vraie rétrospective s’imposait pour tous ceux qui l’avaient approchée et tous ceux qui avaient une vision globale de son œuvre. Cette exposition ne peut en aucun cas être exhaustive, même si près de 100 œuvres picturales et cinq sculptures sont exposées. Il nous fallait faire un choix le plus représentatif possible de son cheminement artistique. La chronologie, les thèmes, les différences de facture, ne semblaient pas pertinents et propres à parler de la spécificité de cet œuvre. Ainsi les œuvres sont assemblées en fonction de ce qui semble être les interrogations essentielles de sa vie.

-Corinne Deville en 5 univers :
*MES PERSONNAGES met l’accent sur les personnages inventés par l’artiste : des personnages fantastiques et étonnement colorés, des femmes très affirmées, des hommes très souvent de couleur noire et arborant les costumes dont il est difficile d’attester de la provenance.

*LE TOUR DU MONDE rassemble tout ce qui permet d’évoquer les voyages tels que Corinne Deville pouvait les fantasmer; avec tous les éléments imaginés, paysages, figures humaines ou animales qui habitaient les pays qu’elle construisait. Pour visiter ces lointains pays, elle a inventé de très beaux bateaux et des marins joyeux, sur le lac Léman bien sûr mais sans doute aussi les mers.

*BESTIAIRE ET MÉTAMORPHOSES présente des bêtes d’une immense créativité, qui se construisent, se transforment, forment parfois avec leur queue et leurs extensions les axes en diagonales du tableau. Ce qui fait montre non seulement d’une inventivité exceptionnelle mais aussi d’une connaissance des règles de la construction picturale.

*MES MAISONS : elles sont multiformes quant aux contrées et aux cultures dont elles semblent être issues. Elles abritent des formes de vie très différentes et paraissent construites pour protéger. Corinne Deville a toujours apporté un grand soin aux maisons qu’elle habitait. Pour chacune d’entre elles, elle voulait une décoration à son image et à ses goûts.

*LA PAIX RETROUVÉE semble correspondre à une période de vie et de création pleine de sérénité et d’apaisement dans le cadre d’une maison en Suisse, telle qu’elle pouvait se la représenter en rêve. Des œuvres à la fois différentes sur le plan stylistique mais tellement en accord sur le fond avec son cheminement artistique.

-Biographie de l'artiste :
Corinne Deville naît le 17 août 1930 à Montcy-Saint-Pierre dans une famille d’industriels ardennais. En marge de leur activité industrielle, ses deux parents sont artistes. Corinne Deville passe son enfance dans les Ardennes avec son frère et ses deux sœurs. Elle dessine et peint déjà. Le 14 mai 1940, l’armée Allemande occupe Charleville-Mézière et le département est classé «Zone interdite». La famille Deville prend part à l’exode et Corinne est placée à Boulogne-Billancourt, dans une congrégation religieuse. À proximité immédiate des usines Renault, elle connaît à nouveau l’expérience traumatisante
des bombardements.
Après la guerre, Corinne Deville fréquente un an l’école d’art Penninghen, à Paris. À la même époque, elle rencontre Jean Taittinger, qu’elle épouse en 1948 et qui deviendra négociant en vins, homme politique puis chef d’entreprise. Ensemble, ils s’installent dans un village champenois et Corinne Deville retrouve la stabilité d’un foyer. Ils fondent une famille nombreuse, avec l’arrivée de cinq enfants en dix ans. Corinne Deville vit une période de création intense.
Les années 1960 et 1970 sont marquées par de sérieux problèmes de santé, Corinne Deville doit être hospitalisée à de nombreuses reprises. En 1997, elle quitte Paris pour réaliser son rêve de jeunesse : vivre au cœur de la campagne vaudoise, à Épalinges, dans un pays en paix : la Suisse. C’est dans ce contexte apaisé que survient une prolifique période de création, avec une évolution de son style et de sa palette de couleurs. Elle décore également sa maison, afin d’en faire une œuvre à son image. En 2012, Corinne Deville cesse de peindre. Elle s’éteint en 2021 à l’âge de 91ans et repose à Épalinges, aux côtés de son mari.



 
 
 
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