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Seule la terre

le  06/12/2017  

Mise en scène de Francis Lee avec Josh O’Connor, Alec Secareanu, Gemma Jones, Ian Hart, Liam Thomas, Sarah White et Patsy Ferran


Johnny travaille du matin au soir dans la ferme de ses parents, perdue dans le brouillard du Yorkshire. Il essaie d’oublier la frustration de son quotidien en se saoulant toutes les nuits au pub du village et en s’adonnant à des aventures sexuelles sans lendemain. Quand un saisonnier vient travailler pour quelques semaines dans la ferme familiale, Johnny est traversé par des émotions qu’il n’avait jamais ressenties. Une relation intense naît entre les deux hommes qui pourrait changer la vie de Johnny à jamais.

Comment ne pas voir ici, dans ce synopsis « bucolique » quelque peu sentimental sur les bords, une version anglaise du célèbre Secret de Brokeback Mountain d’Ang Lee sorti en 2005, sauf que là, ce ne sont plus les hauts alpages des Rocheuses que l’on admire mais plutôt les bas pâturages cette fois dans le comté le plus vaste du Royaume-Uni, le Yorkshire ! Les fermiers rougeots sur des quads ont remplacés les fringants cowboys sur leurs chevaux mais la situation reste toujours la même, c’est-à-dire la dure réalité des conditions de vie dans une ferme, entre nourrir les bêtes, nettoyer, pardon, curer l’étable, mener les troupeaux aux champs, mettre bas les femelles (l’agnelage), aller vendre du bétail aux enchères, bref, tout ce qu’il y a à remplir ou exécuter chaque jour que Dieu fait !
Comment voulez vous, dans ces conditions-là, que jeunesse se passe sans encombre, sans forcément dévier d’une manière ou d’une autre, d’autant que son père est impotent et sa mère (ou « mémé ») rouspète pour un rien ? Notre jeune héros a beau s’acquitter de ses tâches journalières, il n’en est pas moins homme à vouloir aller chercher un peu de plaisir là où il y en a, que ce soit au pub du coin où il picole grave ou bien dans une remorque cloisonnée vite fait et surtout sans émotion ni amour. A ce sujet, Josh O’Connor (vu notamment dans Florence Foster Jenkins) est un fermier plus vrai que nature, brutal, insensible, mal dégrossi, grognant à tout bout de champ – et pour cause ! - et fougueux au possible. Face à lui, il va rencontrer son « maître » à aimer d’origine roumaine (interprété par l’américain Alec Secareanu, aperçu entre autres dans des courts-métrages et dans la série télévisée The Saint diffusée en 2013), plus doux, plus tendre et plus affectueux aussi, qui va lui apprendre les « bonnes manières » ou, si vous préférez, le révéler à lui-même.
Il n’en fallait pas plus pour assister à la métamorphose de ce fermier, cet « indigène dans le monde réel », en un jeune homme accrocheur et responsable, prêt à s’investir corps et âme à la fois dans son travail pas toujours facile et dans sa vie privée encore moins évidente, devant même aller jusqu’à faire quelques « sacrifices » très personnelles pour y arriver sans trop de heurts au final, happy end oblige. Voilà donc un 1er film sincère, honnête, véritablement authentique (on y apprend un tas de choses sur le milieu agricole !) et assez poignant, qui dépeint fort bien ce que doivent (as)sûrement subir ou, du moins, vivre cette « communauté sociale (dite également catégorie socioprofessionnelle) », peu propice ou pas vraiment enclin à « accepter » une relation différente et « contre nature », une certaine liberté de mœurs considérée comme « excessive » dans cet environnement rural plutôt reculé, souvent isolé, peu hospitalier et d’ailleurs parfois déserté.
En résumé, une fresque profonde, sans jugement et sans complaisance d’aucune sorte, ni beaucoup de dialogues à la clé et encore moins de musique en fond sonore (pratiquement que des bruits naturels issus de la campagne !), qui saura, d’une façon ou d’une autre, toucher peut-être en vous une corde sensible.....

C.LB



 
 
 
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