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Les proies

le  02/01/2018   au Universal vidéo (DVD et Blu-Ray)

Mise en scène de Sofia Coppola avec Nicole Kidman, Colin Farrell, Kirsten Dunst, Elle Fanning


En pleine guerre de Sécession, dans le Sud profond, les pensionnaires d'un internat de jeunes filles recueillent un soldat blessé du camp adverse. Alors qu'elles lui offrent refuge et pansent ses plaies, l'atmosphère se charge de tensions sexuelles et de dangereuses rivalités éclatent. Jusqu'à ce que des événements inattendus ne fassent voler en éclats interdits et tabous.

A la question, fallait-il toucher au fameux film du même nom réalisé par Don Siegel en 1971 et interprété notamment par Clint Eastwood ? La réponse est non, d’autant que la réaction - à la limite de la sentence parfois ! - ne se fait pas attendre longtemps, surtout à la vue certes très belle de ce remake (adaptation du roman du sud-africain Thomas P. Cullinan) pourtant d’une lenteur narrative plutôt excessive (alors que sa durée n’excède pas 1h30 !), posé, emprunté et sophistiqué à outrance (que de prises de vue léchées et de plans travaillés comme des tableaux au parfum d’antan, et cela malgré un côté sombre presque noir à l’image pas loin de la veillée funèbre – photo éclairée à la lumière du jour ou bien simplement illuminée à la lueur d’une bougie, un peu à la manière de Stanley Kubrick dans Barry Lyndon !), ainsi que joué d’une façon intimiste voire théâtrale comme en huis clos au sein d’une grande maison style colonial sudiste imposant.
Et en pareil cas, on se doute bien qu’il va y avoir péril en la demeure puisque ces 7 demoiselles plus ou moins effarouchées ont laissé entrer le grand méchant « loup » dans leur bergerie, pardon, leur pensionnat, sous les traits d’un Colin Farrell douceâtre et mielleux à foison en « visiteur indésirable ». Pas très difficile d’imaginer ce que ce « coq » en rut va faire, nouvelle attraction – et aussi distraction pour quelques-unes ! – volant allègrement dans les plumes de cette basse cour pleine de gentilles « poulettes » en émoi troublées par cette présence « mâle », qui gloussent à table, s’apprêtent et se pouponnent à la moindre occasion, et rivalisent d’ingéniosité afin d’entrer dans sa chambre ! Ah, elle est belle « l’hospitalité du sud », chacune ayant une certaine difficulté à résister au charme nordiste et à se retenir devant ce « bellâtre » sensible et bienveillant, en paroles comme en manières !
Quoi qu’il dise et fasse, ce yankee ne fait pas trop dans la dentelle (ses intentions sont si louables mais aussi si douteuses dès le début, les allumant chacune à des degrés divers !), trop pressé à émoustiller d’un rien ces charmantes jouvencelles – pour certaines, des jeunes vierges en quête de sensations fortes -, autant d’un petit compliment à l’oreille que d’une simple caresse de la main. Ayant toutes des relations « privilégiées » avec lui, elles tombent dans le panneau avec une telle évidence pleine de « sincérité » que l’effet de surprise en est totalement absent, comme la tension sous-jacente qui retombe aussi vite qu’un soufflé sorti du four. Ce n’est pas faute d’avoir un casting 3 étoiles à la clé mais entre la courageuse et brutale Nicole Kidman qui fait preuve de charité chrétienne avec ses airs de pimbêche bien éduquée, l’indépendante Kirsten Dunst qui a autant du mal à avoir confiance en elle qu’à freiner ses instincts, sans oublier la dévergondée Elle Fanning qui n’a pas froid aux yeux – ni au reste d’ailleurs ! - et ne se prive pas de le prouver ardemment, c’est à celle qui saura se ressaisir à temps, du moins, au moment opportun, surtout en cette période fortement trouble !
Décidément, il y a des films qu’on ne devrait pas reprendre d’une manière ou d’une autre, de peur d’être déçu à plus d’un titre par manque d’émotions, de subtilité et de profondeur vis-à-vis de l’original ! Sofia Coppola a sans aucun doute voulu démontrer son savoir-faire, notamment (bien) faire preuve de véhémence envers son scénario certes délicat, raffiné, vaporeux et stylisé mais superficiel, peu inspiré ni inquiétant, éthéré à souhait, répétitif à tout bout de champ et à l’univers en majeure partie féminin (comme finalement ses précédentes réalisations : souvenez-vous de Virgin suicides – et le dernier plan ici est copié sur l’ensemble de ce dernier -, Lost in translation – autour du point de vue de son héroïne -, Marie-Antoinette – avec déjà Kirsten Dunst comme également dans Virgin suicides et The bling ring -, Somewhere – avec déjà Elle Fanning -, The bling ring – et son escouade de voleuses adolescentes - !). Mais à force de nous resservir le même cadre bucolique et poétique extérieur sans véritable horizon, le même rythme nonchalant et sans intensité particulière tout du long, et le même rapport de force flagrant surtout chez ces filles certes reconnaissantes à leur manière mais néanmoins rivales et perfides entre elles, on se lasse vite au point de décrocher de c qui a pourtant remporté le prix de la mise en scène à Cannes en 2017....
En bonus, Un changement de perspective où chacun(e), réalisatrice, producteur et acteurs/actrices, y va de son point de vue sur l’adaptation de ce film, entre autres autour des femmes de cette époque du 19ème siècle, rassemblant ici les actrices préférées de Sofia Coppola et se centrant sur elles ; suivi d’Un style du sud avec cet esthétique typique de là-bas recherché par les chefs décoratrice (Anne Ross)/costumière/coiffure dans ce thriller mâtiné de traumatisme psychologique et d’horreur gothique...

C.LB



 
 
 
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