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aSH (jusqu’au 1er mars)

le  17/02/2019   au Scala Paris, 13 boulevard de Strasbourg 75010 Paris (du mardi au samedi à 21h et dimanche à 15h)

Mise en scène de Aurélien Bory avec Shantala Shivalingappa écrit par Shantala Shivalingappa




C’est devant une salle comble qu’elle s’avance, silhouette frêle, natte brune tressée pour ce que l’on imagine être un solo. Elle, c’est la danseuse Shintala Shivalingappa qui présente à la Scala, « Ash », mis en scène par Aurélien Bory. Mais, rapidement, la silhouette frêle montre sa force : deux pieds plantés dans le sol, gestes des mains assurés et affirmés, doigts positionnés avec précision, elle prend place dans l’espace. Le corps de la danseuse a été formé par des années d’apprentissage du Kuchipudi, cette danse du Sud de l’Inde formalisée au 15ème siècle dans laquelle la moindre posture compte.
Rapidement, le spectateur se rend compte que la danseuse n’est pas seule : elle est accompagnée d’un percussionniste certes, mais surtout, apparemment isolée sur le grand plateau de la Scala, elle est dominée par une structure. Elle dialogue avec une étrange toile tendue derrière elle, une toile qui vibre, qui claque telle une voile violentée par le vent et qui recule parfois, comme aimantée par le fond de la scène. Tantôt grise, d’un noir d’encre, dorée, la toile menaçante tente d’absorber symboliquement la danseuse
Mais soudain, la toile et la structure qui la supporte vont bientôt céder du terrain et offrir à la danseuse un espace de jeu sur lequel elle va saupoudrer de la cendre (d’où le titre « ash »-cendre) et s’approprier l’espace de jeu en y traçant des cercles parfaits en utilisant son corps comme un compas dans une gestuelle superbe. Aurélien Bory est l’artisan de la relation entre la danse et l’espace, il a signé nombre de mises en scènes voire de chorégraphies dans lesquelles les danseurs s’exprimaient sur des espaces réduits, inclinés, verticaux. Il présente ici un spectacle quasi contemplatif où le geste répété est parfois hypnotique.
Certains s’y ennuieront un peu, d’autres y verront un moyen de méditer devant l’alliance fascinante entre cette femme apparemment fragile et ce décor si animé. Qui des deux sortira gagnant ? Impossible de le dire, et après tout, est-ce si important ?

E.D



 
 
 
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