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Comme en 14 (jusqu’au 27 avril)

le  08/03/2019   au théâtre La Bruyère, 5 rue La Bruyère 75009 Paris (du mardi au samedi à 21h et matinée samedi à 15h30)

Mise en scène de Yves Pignot avec Marie Vincent, Virginie Lemoine, Ariane Brousse, Katia Miran et Axel Huet écrit par Dany Laurent




Les voûtes d’une salle commune d’hôpital, une infirmière en blouse blanche, voile de même couleur sur la tête et croix rouge sur la poitrine. Nous sommes en 1916 : Suzy va être relevée par sa collègue Marguerite, d’autant qu’elle est épuisée. Il faut préciser qu’avec les 123 blessés de guerre dont elles ont la charge, les femmes ne chôment pas. Alors, le temps d’une pause dans leur salle de repos, les deux femmes échangent et les différences apparaissent entre Marguerite, l’infirmière professionnelle, fille de domestique et ainée de 5 enfants, et Suzy, la bénévole, l’ex-petite main dans un atelier de couture, Suzy la révoltée, « non, la révolutionnaire, précise-t-elle » d’elle-même.
Les deux logiques s’affrontent entre la jeune femme, férue de pacifisme, un délit puni de mort en cette période de guerre, et Marguerite, plus pragmatique : « Nous, on est là pour faire tourner la machine, pas pour avoir des idées » dit cette dernière en substance. Mais déjà une autre jeune femme arrive : c’est Louise, issue de la bourgeoisie, venue ici comme bénévole pour fuir sa mère autoritaire. Dans ce huis-clos féminin, il manque encore un personnage : la comtesse, Adrienne, longue silhouette fantomatique vêtue de noir, chargée du veuvage de son mari tué au combat. C’est un nouveau jour de deuil qui s’annonce pour elle, son fils, blessé au combat, doit être amputé d’une jambe aujourd’hui.
Dans cette pièce, les hommes ne sont tout juste évoqués par les infirmières, ainsi d’ailleurs que les blessés, les mutilés ou futurs mutilés - « Marcel dit qu’il a mal aux gencives, est-ce qu’on a mal aux gencives quand on a un bras en moins ? » - et puis Pierre, le fils simplet de la comtesse, malgré sa forte présence .Autour de la table, les femmes se parlent donc et s’affrontent parfois sur fond de différences de classe : un contexte favorisé par la proximité de Marguerite et d’Adrienne, élevées ensemble mais chacune d’un côté de la barrière sociale.
Mais ce qui se veut une prise en compte de l’environnement sociétal de l’époque tombe souvent à plat. Malgré quelques inventions de texte, une émotion souvent sincère (on remarquera particulièrement Marie Vincent en émouvante Marguerite), « Comme en 14 » manque terriblement de rythme et l’on s’y ennuie ferme, tant le récit n’avance pas. Et lorsque les cloches du village retentissent, annonçant la reprise de Douaumont par les troupes françaises, on voudrait partager l’enthousiasme retrouvé de ces femmes qui se dévouent sans compter et dire avec elle « on a gagné ».

E.D



 
 
 
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