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The Opera Locos (jusqu’au 2 février 2020)

le  24/10/2019   au théâtre Libre, 4 boulevard de Strasbourg 75010 Paris (du mercredi au samedi à 19h et le dimanche à 18h en décembre et janvier)

Mise en scène de Dominique Plaideau avec Diane Fourès, Michael Koné, Laurent Arcaro, Margaux Toqué, Florian Laconi en alternance avec Tony Boldan écrit par David Ottone, Joe O’Curneen et Yllana




Peut-on faire du comique avec quelque chose d’aussi sérieux que l’opéra et le bel canto (le bien chanté) lyrique ? C’est le pari que se sont lancés les chanteurs comédiens de The Opera Locos actuellement présenté au théâtre Libre, ex-Comédia.
L’idée, venue d’Espagne est née en 1991 : réunir des chanteurs lyriques très talentueux et les transformer en caricatures. Elle est ici adaptée par des artistes français dans des costumes bariolés, maquillés outrageusement. Ils incarnent ainsi les archétypes de divos et divas : il y a le gros ténor (superbe et parfois émouvant Florian Laconi) qui vit encore sur sa gloire passé, Michaël Koné, le contre-ténor (la plus haute des voix masculines, parfois plus haute qu’une voix féminine) forcément gay puisqu’on joue ici la caricature jusqu’au bout. D’ailleurs, il pousse la note haute avec une simplicité enfantine. Il y a aussi Diane Foures, la diva chaude comme la braise qui grimpe les notes de l’air de la reine de nuit en franchissant quatre à quatre les notes de la partition. Laurent Arcaro quant à lui incarne le baryton fier comme un hidalgo. Enfin Margaux Toqué, la mezzo-soprano, est presque discrète à côté de ses camarades de scène adeptes du tout-à l’ego.
Autour d’une intrigue d’amour plutôt ténue mais aisément compréhensible (le spectacle est sans paroles), les chanteurs enchaînent avec souplesse et talent les extraits connus d’opéras : « Va Pensiero » (Nabucco de Verdi), « Toréador » (Carmen de Bizet), « Belle nuit » (les contes d’Hoffmann d’Offenbach) et tant d’autres. Parfois la pop vient se mêler au répertoire et le public jubile quand les tubes de Mika et de Queen viennent se mêler au répertoire classique.
Amateur éclairé ou bien béotien des salles opératiques, chacun adhère au comique du spectacle et les oreilles de tous les spectateurs sont sensibles à l’extrême talent des chanteurs. Un talent particulièrement évident lors des performances vocales exécutées avec simplicité pendant que la posture physique des chanteurs évoque totalement autre chose. Mais suivant la règle immuable selon laquelle le comique vient des situations vécues avec sérieux par des personnages pour qui elles sont dramatiques, ce qui se joue sur scène est parfois tragique…
Rassurez-vous cependant, la fin sera heureuse et, sans vous dire qui finira avec qui, sachez que bien qu’ils ne soient que 5 sur scène, chacun trouvera chaussure à son pied. Et comme si l’adhésion du spectateur n’était pas complète, la joyeuse troupe fait participer le public et, le soir où nous étions présents, on peut dire que le public était comme la troupe : il avait du talent. La jubilation est totale, et, à la sortie de la salle, on se prend à continuer à fredonner comme des tubes les airs entendus.

E.D



 
 
 
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