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La famille Ortiz

le  31/10/2019   au théâtre Rive Gauche, 6 rue de la Gaïté 75014 Paris (du mardi au samedi à 21h et dimanche à 15h)

Mise en scène de Jean-Philippe Daguerre avec Isabelle de Botton, Bernard Malaka, Stéphane Dauch, Charlotte Matzneff, Kamel Isker et Antoine Guiraud écrit par Jean-Philippe Daguerre




Sur le bord du plateau, Pierre apparait : il est athlétique et porte un pantalon japonais. Il est bientôt rejoint par Claire, sa jeune fiancée, à la grossesse avancée que l’on devine sous son kimono rouge. Et, après que Pierre a entonné une des chansons avec lesquelles il est apparemment devenu une gloire française au Japon, la porte d’entrée sonne : Claire, stupéfaite, révèle à Pierre qui s’est présenté avant de repartir aussitôt : son frère. Cela n’aurait rien d’étonnant si Pierre n’avait pas toujours affirmé à la future mère de son enfant qu’il est orphelin.
A la révélation du mensonge, le ciel s’ouvre sous les pieds de Claire et le rideau s’ouvre sur la scène familiale qui, sous forme de flash-back va servir d’explication à la dissimulation de Pierre. On va y faire connaissance avec toute la tribu de Pierre : il y a son père Miguel Ortiz, ex-Torero, « el flamingo rosso », également Marie, l’infirmière qui, accourue pour sauver le jeune Miguel gravement blessé d’un coup de corne, est définitivement restée à ses côtés. Ensemble, ils ont créé une tribu, plus qu’une famille autour de leurs trois fils : Paul, alias Ali l’intellectuel, qui a fait Sciences Po et veut devenir apiculteur ; Jacques son jumeau, alias Lino, le fou de taxi, qui a décidé de passer sa vie au volant et, bien sûr, Pierre alias Madiba.
Tout comme les surnoms, hérités de personnages marquants de l’histoire du sport, du cinéma et de la politique, tout ou presque n’est que rituel dans la famille Ortiz. C’est que l’on s’aime, on s’aime d’ailleurs beaucoup, parfois béatement, et tous ces rituels servent de ciment pour renforcer l’amour, encore et encore. Il y a une prière païenne pour célébrer le repas, un simulacre de tauromachie et bien d’autres postures ou phrases qui font la « famille Ortiz ».
Au début, c’est amusant puis la lassitude s’empare doucement du spectateur devant le jeu trop mécanique des comédiens emportés par la chorégraphie d’une gestuelle très voire trop présente (si l’on excepte Miguel et Marie, très correctement interprétés par Bernard Malara et Isabelle de Botton). Ca ne manque pas d’énergie, juste un peu d’âme. Derrière cet amour béat, l’intrigue va cependant dérouler son cours et, peu à peu, le voile va se lever sur le drame qui a provoqué le départ de Pierre loin de cette famille idéale.
Il se dégage ainsi, et malgré tout, un certain charme de cette « Famille Ortiz » où émotion et sourires se mêlent et où certaines phrases font mouche : chez les Ortiz « On encourage, on chambre un peu, on boit beaucoup » et cette autre : « l’abus de modération nuit gravement à la consommation ». On ne révélera pas pourquoi Pierre a menti à sa fiancée, tout au plus peut-on ici dire avec lui « il faut croire au mensonge quand il est nécessaire »....

E.D



 
 
 
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