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La grande Duchesse de Gérolstein (jusqu’au 2 février)

le  15/01/2020   au théâtre du Gymnase, 38 boulevard de Bonne Nouvelle 75010 Paris (du mercredi au samedi à 21h et dimanche à 16h30)

Mise en scène de Adrien Jourdain avec Jean-Philippe Alosi, Amélie Dumetz, Frédéric Ernst, Marc Lesieur, Thibaud Mercier et Françoise Saignes écrit par Jacques Offenbach




Avec Offenbach, ça marche à tous les coups ! C’est la réflexion qui s’empare du spectateur à la sortie de la « Grande Duchesse de Gerolstein » actuellement présentée au Théâtre du Gymnase. Avec cet opéra bouffe composé en 1867 à l’occasion de l’exposition universelle, on est en présence de la quintessence de ce qui fait le succès du génial compositeur : légèreté et fantaisie.
Nous sommes en 1720, Dans un Grand Duché imaginaire où la grande duchesse se languit de ne pas être aimée. Elle croise sur sa route le soldat Fritz, dont elle tombe amoureuse. Pour le rapprocher d’elle, elle aura tôt fait de le nommer capitaine, lieutenant, général puis général en chef, au grand Dam du général Boum, titulaire du poste. Mais le cœur de Fritz est déjà pris par l’éruptive Wanda, et le Prince Paul qui frappe à la porte de la Grande Duchesse se voit systématiquement éconduit. Plusieurs actes plus tard, La grande Duchesse finira par épouser le prince Paul après avoir privé Fritz de tous ses titres.
Toute l’intrigue se déroule sur fond militaire, le Grand Duché étant en conflit avec son voisin. C’est l’occasion pour Offenbach de mettre en scène une armée d’opérette, ce qui sera fort peu gouté par la censure lors des premières représentations, la France entretenant alors des relations tendues avec son voisin prussien. Puck, Boum, Grog, les noms des protagonistes claquent comme des onomatopées et le comique n’est jamais loin lorsque retentissent les airs connus tel que « j’aime les militaires (La baronne) ou « Voici le sabre ».
Qu’allait donc pouvoir faire de cet opéra bouffe les « Tréteaux Lyriques », nom de la troupe de chanteurs amateurs éclairés à l’œuvre pour cette grande Duchesse ? C’est la question que l’on se pose avec inquiétude en prenant place dans les très étroits fauteuils du théâtre du Gymnase. Force est de reconnaitre que la formation musicale Ad Lib, professionnelle, se débrouille fort bien sous la baguette de Laurent Gossaert, son chef. Les quelques 20 musiciens, très proches du public (il n’y pas de fosse d’orchestre) jouent avec plaisir et très vite les bulles du champagne cuvée Offenbach pétillent dans les oreilles des spectateurs.
Le rideau se lève et apparaissent hélas les inutiles facilités de mise en scène : sabre laser, interventions de morceaux pop, allusion à l’actualité sous forme de clins d’œil appuyés. On s’agace mais l’on reste, souvent, charmé par de réels talents scéniques qui compensent presque quelques légères fausses notes de certains des solistes et membres du chœur. On notera ainsi la prestation particulièrement convaincante du jeu et du chant de la Grande Duchesse de Gerolstein, interprétée par Françoise Saignes. A la faveur d’une recherche, on n’est donc pas étonné de découvrir que cette ancienne juriste est membre des chœurs de l’Opéra de Bordeaux. On retiendra aussi le talent de comédien de Jean-Philippe Alosi, qui donne à son général Boum toute la truculence qu’il mérite. On nous permettra toutefois une réserve concernant Fritz, interprété par Thibaud Mercier, dont le jeu flotte parfois et dont la voix manque de puissance lorsque l’orchestre joue en forte.
En ouvrant son spectacle à la location et au grand public, et en y invitant la critique, cette « grande Duchesse de Gerolstein » prend le risque d’être comparée à l’offre théâtrale professionnelle, et c’est courageux. Nous essayons ici d’adapter le niveau d’exigence en conséquence, sans toutefois oublier que le spectateur qui paye sa place, et n’est ni ami ni membre de la famille d’un des chanteurs, ne fera pas la distinction. Alors, si l’on ne connait pas encore cette œuvre et si l’on n’est pas un amateur exigeant du lyrique, possédant tous les abonnements de toutes les salles parisiennes, on peut se rendre volontiers à ce spectacle, qui se regarde sans déplaisir.

E.D



 
 
 
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