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Algorithme (jusqu’au 28 décembre)

le  17/10/2022   au Funambule théâtre, 53 rue des Saules 75018 Paris (lundi et mercredi à 19h – semaines paires – et 21h – semaines impaires)

Mise en scène de François Bourcier avec Barbara Lambert écrit par Emilie Génaédig




Sur les affiches, on nous annonce un « seul en scène futuriste et fantastique dans l'esprit de Black Mirror ». Fort logiquement, l’urbain connecté, mais non technoïde pour autant, se précipite, attisé par la curiosité, s’attendant à trouver là ce qu’on lui promet, une confrontation entre l’humain et son double numérique. Le rideau s’ouvre ainsi sur Max, « la trentaine épanouie » que nous dit la voix off qui accompagnera le récit jusqu’à la fin.
Max est seule dans son grand lit. Seule ? Presque puisqu’en femme de son temps, elle est accompagnée de son fidèle assistant numérique à qui elle s’adresse comme à un ami. Max est active, sa vie est rythmée par ses outils numériques : portable, ordinateur, tablette, assistant : sa journée est cadencée par des « bling » et des « ding ». Mais Max veut surtout être « en sécurité ». Et, à force de virtuel et de potentiel, qui lui évite de fréquenter trop son prochain, ce qui devait arriver survient et Max finit par se retrouver enfermée dans son univers fait d’algorithmes.
Voici donc la trame de ce « seule en scène » incarné avec force et souplesse par Barbara Lambert.
Côté texte, c’est hélas très très faible : une voix off insistante (et peu convaincante) vient appuyer une narration chétive et surtout, surtout, une longue énumération de défauts puis de qualités trouvées au virtuel qui fait office d’analyse : Algorithme ne raconte presque rien, n’offre aucun point de vue autre qu’une longue liste de faits. Plus grave encore, proposant une insupportable fausse fin au récit, le propos fait un tour à 360 degrés. A la critique du numérique, « une invention des marchés », succède une sorte d’ode technophile à ce réseau « une utopie de ceux qui pensaient le monde ».
Que veut-on donc nous dire : que l’enfermement dans le tout virtuel, ça n’est pas bien ? Que finalement le numérique, c’est une chouette bandes de doux utopistes ? Il est heureux que la création théâtrale soit florissante et en prise avec l’actualité mais de grâce, Mesdames et Messieurs qui écrivez pour la scène, soignez votre style et offrez un point de vue ! Sinon, vos spectacles ressembleront à des slogans tièdes et vains, maintes fois ressassés, et vous serez de toute façon en retard sur les réseaux sociaux. C’est le cas d’Algorithme qui maltraite un thème que l’on aurait rêvé voir traité avec plus de talent.

Eric Dotter



 
 
 
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