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Le monde d’hier

le  10/01/2017   au théâtre des Mathurins, 36 rue des Mathurins 75008 Paris (du mardi au samedi à 19h, et dimanche à 17h sauf les 11, 16 et 18/10)

Mise en scène de Patrick Pineau et Jérôme Kircher avec Jérôme Kircher écrit par Stefan Zweig




Que ce soit un livre (Les derniers jours de Stefan Zweig de Laurent Seksik), une pièce (Amok, Le joueur d’échec, 24 heures de la vie d’une femme, Lettre d’une inconnue etc...) ou un film ("Adieu l’Europe" de Maria Schrader, sorti en 2016), dès que le nom de Stefan Zweig, écrivain autrichien né en 1881, apparaît, c’est le succès assuré ! Cet auteur fascine les lecteurs, le public en général, les metteurs en scène aussi ainsi que les comédiens.
C’est sans doute pour ces raisons que le théâtre des Mathurins nous fait le plaisir de reprendre la pièce « Le Monde d’hier » adapté du livre testament de l’écrivain viennois posté de son exil au Brésil à son éditeur, un jour de février 1942, la veille de son suicide. Ce livre, édité en 1944 à titre posthume, est un ouvrage essentiel. A la mise en scène, Jérôme Kircher et Patrick Pineau ont su parfaitement choisir les extraits de ce livre monumental faisant partie d’une œuvre tout aussi monumentale qui est une autobiographie. Zweig y raconte sa jeunesse, son amour pour Vienne, sa ville natale, capitale cosmopolite, haut lieu de la culture au début du XXème siècle, tout comme les souffrances de la première guerre mondiale et surtout, la plus effroyable tragédie, « le nazisme ».
Ce texte d’une puissante incroyable, adapté par Laurent Seknik (sans doute le plus fort des écrits de Stephan Zweig), résonne grâce à la voix juste de Jérôme Kircher qui ne cherche pas à être physiquement « Stephan Zweig » mais tout simplement à passer "les mots » avec sobriété, sans pathos, juste avec beaucoup d'émotions teintées parfois d’humour. Son jeu est d’une grande subtilité. Dans un décor minimaliste (une chaise et un livre), Jérôme Kircher réussit à nous faire partager à la fois le désespoir de cet humaniste face au chaos d’une Europe qui se perd après avoir eu un si grand rayonnement, et sa joie à se rendre à Paris, à Meudon, chez son ami Rodin. Grandeur et Décadence !
"Cette Europe qui sera assassinée mais dont le meurtre a été accompli par les Européens eux-mêmes ». Pendant une heure et quart, Jérôme Kircher évoque aussi ses amitiés envers Freud, l’écrivain Schnitzler, le musicien Richard Strauss etc …mais aussi sa haine du nationalisme et de la guerre qui le conduira à quitter ce monde capable de brûler ses livres. Destin tragique calqué sur celui de l'Europe ! Pas évident de monter pour la première fois ce texte si dense et si fondamental ! Lucide et visionnaire Stefan Zweig a su avec élégance nous faire aimer la vie malgré sa noirceur. En résumé, il faut relire Zweig plus que jamais…

L.BV



 
 
 
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