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Rémi Larrousse – songe d’un illusionniste (jusqu'au 28 janvier 2018)

le  13/12/2017   au théâtre Le Lucernaire, 53 rue Notre-Dame-des-Champs 75006 Paris (du mardi au samedi à 21h et dimanche à 18h)

Mise en scène de Maxime Schucht et Sylvain Vip (avec la collaboration artistique de Valérie Lesort) avec Rémi Larrousse écrit par Rémi Larrousse (et Benjamin Boudou)




Sachez-le, on ne dit plus télépathe mais mentaliste ! Dans la vaste entreprise de nettoyage langagier, cette très ancienne forme de la magie trouve apparemment ainsi ses lettres de noblesse ou, du moins, une nouvelle visibilité. Rémi Larousse est l’un de ces magiciens dont le talent consiste à deviner ce qu’ils ne sont pas censés connaitre du public mais qu’ils mettent à contribution. Alors, quelles sont les ingrédients de l’exercice proposé pendant une heure et demie par Le magicien ?
D’abord, un décor visuel et sonore : lorsque l’on entre dans la salle du Lucernaire, une musique mystérieuse et en boucle accueille le spectateur. Le décor quant à lui s’inspire largement de Magritte auquel il emprunte le chapeau melon et les nuages, sablier et boule de cristal complètent l’ensemble. Pas de doute, l’inventaire est complet, on est bien dans l’antre d’un illusionniste.
Deuxième ingrédient : le public. Sans lui, qui est fortement mis à contribution, rien de possible ! Dés l’entrée, on lui demande de consigner sur un papier qui lui est distribué soit un rêve, soit un cauchemar particulièrement marquant. Les papiers seront collectés, mélangés et placés dans un bocal. Ils serviront ensuite à l’illusionniste, au mentaliste donc afin d’exercer son talent.
Mais le voici, l’ingrédient principal : le magicien, Rémi Larousse. Fine silhouette de jeune trentenaire, les yeux écarquillés en permanence dans un effort de conviction, il a la tenue un peu banale (bottines, jean noir, gilet de costume, veste, chemise) de celui qui veut paraitre un peu habillé sans en faire trop. Une chose est sûre : on est en rupture avec la magie à l’ancienne du type haut de forme et lapin qui sort du chapeau.
Car c’est là tout le problème de ce spectacle : les effets sont bien sûr techniquement époustouflants. Rémi Larousse parvient à nous étonner, nous épater, voire nous époustoufler par son pouvoir : il devine, il sait tout de ceux qu’il convie sur scène ou interpelle dans le public ; il devine leur rêves, leurs cauchemars ; il arrive même à unir le public dans un époustouflant cadavre exquis dessiné qui va constituer un étonnant puzzle à la signification évidente une fois assemblé.
Mais au lieu de valoriser ses effets, il est timide, trop timide : il reste en permanence derrière ses exploits, offrant un pauvre jeu d’acteur là où il faudrait en faire beaucoup plus. A tel point qu’à la sortie du spectacle - et c’est un comble -, on reste plus marqué par la prestation de certains spectateurs montés sur scène (non complices, on vous le garantit !!) que par celle de Rémi Larousse. Le soir de la représentation, il y avait ainsi 2 spectatrices particulièrement touchantes qui avaient pour prénoms Sylviane ou Azul.
On comprend qu’il soit difficile pour un jeune illusionniste de se situer, loin de Mandrake le magicien et de Houdini, loin du smoking et de l’assistante en justaucorps mais concernant Rémi Larousse qui, le soir de notre venue débutait la quatrième date de son spectacle, on ne peut que lui conseiller pour la suite des représentations de sortir de sa réserve (on est exaspéré par l’usage permanent du tic verbal « n’est-ce pas ? ») et de préférer l’outrance au coupable et contagieux manque de conviction.
Et pour reprendre un très court extrait du célèbre sketch de 1957 entre Francis Blanche et Pierre Dac, dans lequel ce dernier incarnait le Sâr Rabindranath Duval, expert en divination, né à Châteauroux :
- il peut le faire ?
- Je peux le faire
- Il peut le faire, on l’applaudit !!!

E.D



 
 
 
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