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Ruy Blas (jusqu'au 20 avril)

le  26/01/2018   au théâtre du Ranelagh, 5 rue des Vignes 75016 Paris (du mercredi au samedi à 20h45 et dimanche à 17h sauf le 02/02, les 8 et 16/03, et le 15/04)

Mise en scène de Vincent Caire avec Franck Cadoux, Vincent Caire ou Alexandre Tourneur, Gaël Colin, Damien Coden, Cédric Miele, Aurélie Babled et Karine Tabet écrit par Victor Hugo et adapté par la Compagnie Les Nomadesques




En tant qu’adulte, lorsqu’on aborde un texte dit «classique» au théâtre, on a toujours une légère réminiscence de l’époque du lycée, cette période où les grands auteurs étaient synonymes d’ennui profond et de devoirs à rendre. C’est donc avec un peu d’appréhension que l’on se rend à la représentation du Ruy Blas de Victor Hugo au théâtre du Ranelagh, superbe écrin de bois et de velours rouge caché en plein 16ème arrondissement. Et le soir de la représentation, ils sont justement nombreux les lycéens venus en groupe avec leur professeur.
Dés les premières scènes, l’intrigue est posée : Don Saluste, un grand d’Espagne, veut se venger de la Reine, qui refuse ses avances. Lâché dans sa coupable entreprise par son cousin Don César (qu’il fera d’ailleurs arrêter et exiler par ses sbires), il va se rabattre sur Ruy Blas, son valet, pour ourdir sa terrible vengeance : « je veux que ce soit effrayant », dit-il. Par la volonté de son maître, Ruy Blas deviendra donc Don César, grand d’Espagne, gueux parmi les grands. Arrivera ce qui devait arriver, Ruy Blas (qui en pinçait déjà pour la souveraine !) tombera amoureux de la Reine, « ver de terre amoureux d’une étoile », et cette dernière, qui s’ennuie fort délaissée qu’elle est par son mari chasseur, ne sera pas insensible à ses avances : « Reine pour tous, pour vous, je ne suis qu’une femme ».
Sans révéler la fin de ce qui arrive à se regarder comme un grand récit épique, on peut juste préciser que Hugo, auteur social mais pas très optimiste, montrera l’impossibilité pour la plèbe de fréquenter l’aristocratie de sang royal, sauf en la servant. La pièce alterne les scènes du complot, les combats au fleuret, et les scènes au palais, lors desquelles on voit que la Reine est totalement prisonnière et ne peut se mouvoir à sa guise sans l’assentiment de sa douairière, détentrice de la tradition espagnole.
La mise en scène, très honnête et très traditionnelle, est entièrement au service du texte, un texte de surcroît vibrant, bouillonnant de sentiments, qu’ils soient bons ou mauvais. Les vers y sont dits avec talent par des comédiens rodés, à tel point d’ailleurs que l’on se laisse totalement prendre par l’intrique sans même plus remarquer les alexandrins. On apprécie particulièrement Damien Coden qui incarne un Ruy Blas habité, ainsi que Karine Tabet, la Reine, qui alterne à merveille l’ennui profond au sein de son château et l’enthousiasme lors de sa rencontre avec Don José-Ruy Blas.
On se laisse ainsi emporter par l’envol lyrique de Ruy Blas lorsqu’il parle de « sa » Reine, on s’indigne de la veulerie de Don Saluste, et on s’énerve devant la roublardise de Don César (le vrai, pas Ruy Blas !). Et l’on s’amuse des poses de la douairière, chaperon inflexible de la Reine, qui rappelle tellement Alice Sapritch dans le film « La folie des grandeurs », une adaptation très libre de la pièce épique du grand Hugo. Et nos lycéens, qu’en ont-ils pensé ? A en juger par le recueillement pendant la représentation et leurs applaudissements, nous ne sommes pas les seuls à avoir apprécié ce beau récit en costumes....

E.D



 
 
 
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