en 
 
 
cinema

 
 

Jonasz au grenier

le  23/10/2023   au au théâtre Actuel/La Bruyère, 5 rue La Bruyère 75009 Paris (les dimanches et lundis à 20h)

Mise en scène de Franck Harscouët avec Amala Landré, Tristan Garnier et Malaurie Duffaud écrit par Franck Harscouët




Brel, Piaf, Joséphine Baker, ils sont nombreux les chanteurs à être en ce moment incarnés sur les scènes parisiennes. Incarnation ou imitation, on évoque parfois avec talent ces icones disparues, à la recherche peut-être d’une époque révolue.
Avec Jonasz au grenier, rien à vois ; c’est un chanteur bien vivant que Franck Harscouët choisit d’évoquer sur scène. Quel artifice déployé pour représenter scéniquement un artiste sans que cela passe pour une plate biographie ? C’est cette question que l’auteur a dû se poser. Il y répond en utilisant le truchement de trois mannequins de celluloïd, normalement inanimés. Il y a un mannequin mode, un peu snob, un mannequin usine, et un mannequin de galerie commerciale, deux incarnations féminines et une masculine, pour nous raconter tout l’univers du bluesman français.
La première scène nous les montre ainsi, se réveillant à la nuit tombée, tous trois entourés du fatras de la couturière qui les utilise. Pour dérouler le fil de l’intrigue et permettre d’y enfiler les perles que sont les chansons de Jonasz, il y a un journal intime, que les trois êtres subitement venus à la vie découvrent dans ce grenier qui les héberge. Ils vont en feuilleter les pages et les illustrer des chansons de Michel Jonasz.
« Changez tout », « J’veux pas qu’tu t’en ailles », « Les fourmis rouges », « Bossa ». Ce ne sont pas moins de 17 chansons qui sont interprétées sur la scène du théâtre la Bruyère, en solo, à deux ou en chœur. Presque 20 chansons parfois accompagnées au piano mais souvent posées sur une bande sonore surchargée et inutilement pompeuse. Force est de reconnaitre que côté chant, ça fonctionne plutôt bien ; les voix sont claires, justes et sans ces tics qui affectent parfois les chanteurs et chanteuses en France.
Même si l’ensemble manque d’émotion, le spectateur se laisse emporter. Côté ouïe, c’est donc plutôt agréable. En revanche, c’est côté vue que ça pêche : les comédiens costumés en mannequins semblent sortir d’une parodie de comédie musicales des années 80 ; chapeau melon et paillettes pour l’homme, bustier et jupes froufroutantes pour les femmes. Un kitsch daté qui agresse l’œil. Quant au décor, il choisit de dire plutôt que suggérer en accumulant tout un fatras évoquant le grenier d’une costumière. Peu convaincant donc.
Sans déconseiller tout à fait ce spectacle, on le suggérera donc uniquement à ceux qui ont envie de découvrir ou de redécouvrir les superbes chansons de Michel Jonasz, et de savoir si eux aussi ils seront réjouis par la mélancolie du célèbre chanteur.

Eric Dotter



 
 
 
                                                      cinema - theatre - musique