en 
 
 
cinema

 
 

La priapée des écrevisses (jusqu'au 25 mai)

le  30/03/2024   au théâtres Les enfants du paradis, 34 rue Richer 75009 Paris (du jeudi au samedi à 19h30 sauf les 12, 18 et 20/04 et le 03/05)

Mise en scène de Vincent Messager avec Andréa Ferréol, Pauline Phelix, Aurélie Frère, Vincent Messager ou Erwin Zirmi écrit par Christian Simeon




Avant toute chose, un petit avertissement : le spectacle vivant est une conjonction d’éléments, un assemblage savant et fragile de talents. Le soir de notre venue, de sérieux problèmes techniques ont affecté la représentation, aboutissant à un éclairage totalement erratique du plateau et des comédiens. Cela semble avoir suffisamment perturbé les comédiens pour qu’Andréa Ferréol s’en ouvre auprès du public au moment des saluts. Est-ce que cela a foncièrement modifié la mise en scène et le jeu des comédiens ? Nous n’en savons rien mais, par honnêteté journalistique, nous voulions signaler à nos lecteurs les conditions de la représentation.
Le 16 février 1899, Félix Faure, 6ème président de la troisième République, trouve la mort dans les bras de Marguerite Steinheil, fille d’un industriel et femme du peintre Adolphe Steinheil, son aîné de vingt ans. Dix ans plus tard, en 1908, Marguerite Steinheil est à nouveau impliquée dans deux décès très médiatisés : sa mère et son mari sont retrouvés morts à son domicile, impasse Ronsin. Accusée de ce double meurtre, elle sera jugée aux assises de la Seine et acquittée en novembre 1909. Cette histoire a inspiré l’auteur Christian Siméon.
Bien des années après, nous la retrouvons ainsi, sous les traits d’Andréa Ferréol, dans la cuisine de son château à la faveur d’une interview culinaire organisée par la télévision française. Promis, on n‘y parlera pas du passé mais de la passion de Marguerite : la gastronomie. « Pour une femme de mon rang, - clame-t-elle ainsi -, cuisiner est un acte révolutionnaire ». Diva rousse flamboyante, menant son monde à la baguette, Marguerite se met aux fourneaux et parle finalement beaucoup de ses amants, souvent de manière leste voire grivoise. Bientôt, gastronomie, sexe et meurtres ne formeront plus qu’un étrange plat bourratif et épicé, donnant l’occasion à la « Sarah Bernhardt des assises » de donner sa version des faits.
Ah, remettre l’une des comédiennes de la « Grand bouffe » de Marco Ferreri derrière les fourneaux ! Le clin d’œil paraissait amusant, et c’est peu dire que la pièce tourne autour d’Andréa Ferréol qui trône en majesté à côté d’une assistante/faire-valoir qui poussera à trois reprises la chansonnette dans le style des cabaretiers du début du XXème siècle, et d’un journaliste de l’ORTF très discret. Hélas, rapidement, la pièce peine à progresser : une fois l’action posée et la version des faits de Marguerite entérinée, il ne reste plus que des effets de style, parfois réussis mais souvent vains.
L’action tourne ainsi en rond, et rapidement, les traits de plume de l’auteur tombent à plat, provoquant même une certaine gêne lorsqu’ils confinent à la grivoiserie datée. Du jeu des comédiens, on ne parlera pas ici. Compte-tenu des circonstances, on ne peut pas savoir s’ils ont été terriblement gênés par les errances de la technique ou si la mise en scène manquait tout simplement d’imagination, encombrée par le décor d’une cuisine peut être trop équipée en accessoires divers.
Reste Andréa Ferréol : elle est l’atout principal de cette « priapée des écrevisses », tant sur l’affiche que sur scène. Et ses admirateurs trouveront certainement leur bonheur dans ce spectacle. Même si comme nous, ils s’inquièteront peut-être pour la santé vocale de la comédienne à la voix plutôt éraillée.

Eric Dotter



 
 
 
                                                      cinema - theatre - musique