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Je voudrais pas crever avant d’avoir connu (jusqu’au 14 mai)

le  01/04/2024   au théâtre de l'Essaïon, 6 rue Pierre au Lard 75004 Paris (lundi et mardi 21h)

Mise en scène de Georgina Ridealgh et Jonathan Perrein avec Jonathan Perrein et Guillaume Barre écrit par Boris Vian




Boris Vian savait que sa vie serait brève, alors il a essayé de remplir les courtes 39 années de sa vie. Musique et écriture, il a ainsi écrit quelques-unes des plus belles pages de la littérature française. Avec « L’écume des jours », et « L’herbe rouge », il a accompagné avec poésie et bonheur les lectures adolescentes.
On connait cependant moins sa poésie, et c’est là une lacune que Jonathan Perrein et Guillaume Barre, les deux initiateurs du spectacle, entendent combler. Se basant sur trois recueils de Vian, ils empruntent le titre de leur duo à l’un d’entre eux «Je voudrais pas crever (avant d’avoir connu) ». Dans cette cave voutée, qui sent un peu l’humidité, on se presse. Devant nous, éclairée comme un objet d’art, une guitare. Bientôt deux hommes arrivent sur le minuscule plateau de l’Essaïon, l’un est musicien, il se saisit de la guitare, et l’autre est comédien.
Dans un spectacle exclusivement composé d’extraits des poésies du génial Boris, les deux hommes vont nous faire gouter une heure de Vian, et c’est un petit bonheur de tous les instants. Musicien et comédien, ces deux-là se connaissent, depuis l’enfance, et ça se sent. La complicité, qu’ils développent sur scène, sert totalement le propos. Car Boris Vian, c’est ça, un poète multiforme, mi émouvant mi-rigolard, qui vous tape sur l’épaule en vous parlant de « Totor le dur qui vendait des réchauds pour la maison Chaland », mais qui vous émeut aussi en déclinant en litanie « s’il pleuvait des larmes ».
Parfois ping-pong verbal, parfois mélopée de mots sur tapis de notes, ou slam sur fond de boite à rythmes, les deux complices, aidés en cela par Georgina Ridealgh la co-metteuse en scène, ne se contentent pas d’enfiler des extraits des poèmes, ils vont vivre l’invention langagière de Vian en changeant régulièrement le rythme des mots et des notes.
On a souvent le sourire, et l’émotion pointe souvent lorsque le poète se fait plus sérieux, notamment en déclinant un émouvant « pourquoi que je vis ». Une petite heure avec un poète, surtout lorsqu’il s’appelle Boris Vian, ça ne refuse pas, et ensemble on pourra estimer que l’auteur a tort lorsqu’il écrit « tout a été dit cent fois, et bien mieux que par moi ».

Eric Dotter



 
 
 
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