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Notes de départ (jusqu’au 27 mai)

le  08/04/2024   au Poche-Montparnasse, 75 boulevard du Montparnasse 75006 Paris (les lundis à 19h)

Mise en scène de Carolina Pecheny avec Dimitri Artemenko (violon), Vadim Sher (piano), Yuri Shraibman (clarinette/saxo) écrit par le trio Degré 4




« Avant de partir, il faut s’asseoir sur la route, laisser au corps le temps de réaliser qu’il faut partir ». C’est par ces quelques mots que débute l’incitation au voyage que propose un trio de brillants musiciens sous le titre de « Notes de départ ». Autour d’un pianiste, d’un violoniste, d’une clarinettiste et de textes de grands auteurs (Baudelaire, Gogol, Kafka, Tchekhov, Nemirovsky), trois artistes nous convient au départ depuis l’ambiance feutrée du sous-sol du Poche Montparnasse.
Un piano romantique, un violon qui pleure, une clarinette qui ricane, un train long comme la traversée de l’Oural, un mariage malheureux : c’est à une plongée dans la culture slave et klezmer que nous sommes invités. Auteur de la plupart des musiques, Vadim Sher est au piano. Petites lunettes et chemise soviétique, c’est lui qui dit les textes, faisant parfois rouler sa langue, la langue russe et donne le rythme du spectacle. Parfois enlevé, souvent romantique et toujours mélancolique, « Notes de départ » nous emmène loin, avec douceur.
Loin de proposer un collage de textes agrémenté de quelques musiques, le spectacle nous prend la main pour un voyage, tout en nous proposant de nos interroger sur le départ. «Si tu peux rester, reste. Pars, s’il le faut ». L’humour est comme le reste du spectacle, esquissé par petites touches. On retiendra particulièrement la valse-hésitation musicalo-textuelle. Partir ? Oui ! Non ! Le dispositif est simple : trois chaises, quelques accessoires, un écran sur lequel parfois, est projetée une vidéo, qui elle-même nous projette au loin. Simple mais efficace.
En témoigne le film muet de ce mariage dans la campagne russe sur lequel les trois musiciens posent leur bande son. C’est beau et évident à la fois. Au-delà des tensions géostratégiques, les trois musiciens dont Yuri Shraibman, originaire d’Ukraine et féru de culture yiddish (il officie à la clarinette et au saxo), et Dimitri Artemenko, le compositeur et arrangeur qui est au violon, nous guident dans un périple sur les routes et rails de la Mitteleuropa, des Balkans et du Caucase.
La partition est efficace, et très talentueuse, comme le sont d’ailleurs les trois artistes. Remonté de la petite salle du Petit Montparnasse, le spectateur cligne des yeux. Il est presque surpris de la rumeur incessante du boulevard Montparnasse sur lequel donne le théâtre. Pas de doute, il était bien parti en voyage. Loin, très loin.

Eric Dotter



 
 
 
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