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Aux deux colombes (jusqu'au 7 novembre)

le  10/09/2021   au théâtre du Ranelagh, 5 rue des Vignes 75016 Paris (du jeudi au samedi à 19h et dimanche à 14h30)

Mise en scène de Thomas le Douarec avec Marie Delaroche, Caroline Devismes, Marie Le Cam Thomas Le Douarec, Marie-Hélène Lentini et Emmanuelle Gracci écrit par Sacha Guitry




Le théâtre de Guitry a-t-il survécu à la disparition de son auteur et interprète principal ? Y-a-t-il une voix à l’interprétation en dehors de l’imitation ? C’est la question que l’on se pose à la sortie de chaque nouvelle mise en scène d’un des textes de cet homme prolifique. Et celle d’« Aux deux colombes » n’y fait pas exception.
A la tête du spectacle, le metteur en scène et comédien Thomas Le Douarec, qui campe un avocat remarié à la plus jeune sœur de son épouse, cette dernière qu’il croyait disparue à tout jamais dans un incendie en Amérique Latine. Mais la prétendue défunte réapparait 20 ans après semant la pagaille dans le ménage. On s’en doute à la lecture de ce synopsis, l’intrigue est typique d’un vaudeville et, apparemment, propice aux portes qui claquent. Et c’est donc le cas…Autour de l’avocat tourbillonnent les femmes, la sienne actuelle, son autre précédente ressuscitée, sa bonne, sans oublier sa maîtresse russe.
Mais, hélas, le tourbillon n’est qu’un petit vent tiède et lorsque les portes claquent, elles sont très amorties. C’est que l’ensemble manque cruellement de rythme et, malgré la brièveté de la pièce, le souffle vient à manquer. On surprend même le comédien principal à observer sa propre mise en scène, quittant de ce fait l’implication de son personnage dans l’action. Le manque de rythme amène ainsi le spectateur à prendre conscience de la relative faiblesse du texte de 1948, assez atypique dans l’œuvre de Sacha Guitry.
Certes, on reconnait les petites phrases typiquement « guitryennes » - « avoir deux femmes pour un homme, c’est flatteur, avoir le même homme pour deux femmes, c’est une humiliation » ; « l’amour, je ne l’entends que partagé, à deux et non en deux » - mais on y sent moins la mégalomanie soliloque et la relative misogynie du personnage que s’était forgé l’auteur en son temps.
S’il fallait cependant une seule raison pour aller voir cette pièce, ce serait le jeu de Marie Hélène Lentini qui incarne une épouse réapparue à la limite de la folie : elle n’a aucune limite à son jeu comique et tranche un peu dans une mise en scène où chacun, trop raisonnable, a tendance à jouer sa partition dans son coin.

E.D



 
 
 
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