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La ligne rose (jusqu’au 31 octobre)

le  02/09/2021   au Lucernaire, 53 rue Notre Dame des Champs 75006 Paris (du mardi au samedi à 21h et dimanche à 17h30)

Mise en scène de Jean-Laurent Silvi avec Odile Blanchet, Sana Puis et Bérénice Boccara écrit par Odile Blanchet, Sana Puis et Bérénice Boccara




On l’a oublié mais il fut un temps où le téléphone était un objet précieux, posé religieusement sur un meuble qui lui était dédié, et où téléphoner était un véritable rituel. Au décroché, une demoiselle du téléphone répondait et aiguillait l’appelant vers l’appelé à grands renforts d’appels d’un central à l’autre finissant, souvent mais pas toujours par établir la précieuse conversation.
Sur la scène du Lucernaire, nous sommes envoyés vers les années 1920, cette époque où la communication n’était qu’aux balbutiements de la télécommunication. Elles sont trois, ces demoiselles du téléphone, serrées dans le local exigu de leur lieu de travail, le casque vissé aux oreilles, le tableau clignotant devant elles, prêtes à dégainer leurs fiches de connexion. Il y a Marthe, qui profite des conversations qu’elle établit pour relever les noms et numéros de bons partis éventuels, Denise, la noceuse, et il y a Jeanne, le titi parisien, poil à gratter dans cet univers policé, dont on découvrira le lourd secret.
Dans cette comédie, pas d’hommes présents. Mais ils sont évoqués à tout moment : l’amant
potentiel, l’homme violent, celui qui leur envoie des petits cadeaux. C’est qu’ils fantasment les abonnés du téléphone, ils imaginent le physique de celles dont la neutralité vole parfois en éclat malgré le numéro par lequel elles se présentent. Et justement, c’est sur la base de cette relation fantasmée par les hommes que les trois comparses créeront en toute clandestinité la ligne rose, lointain ancêtre du minitel du même nom, et encore plus lointain, ancêtre du réseau social coquin.
C’est cette histoire que nous narre ou plutôt que tente de nous narrer « La ligne rose ». Malgré les défauts des premières (nous y étions le deuxième soir des représentations), on sent bien qu’il faudra un long travail de réécriture pour resserrer les boulons de cette comédie qui veut en dire trop et tire trop de fils à la fois. D’abord captivé par ce trio plutôt revigorant, le spectateur se lasse un peu des rebondissements qui font se succéder les fausses fins. Laissons toutefois une chance à cette comédie, qui se bonifiera sûrement au fil des représentations.

E.D



 
 
 
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