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Saint-Ex à New-York

le  16/09/2021   au Petit Montparnasse, 31 rue de La Gaîté 75014 Paris (du mardi au samedi à 21h et dimanche à 15h30)

Mise en scène de Jean-Claude Idée avec Gaël Giraudeau, Adrien Melin, Alexandra Ansidéi et Roxanne Bennett écrit par Jean-Claude Idée




Aviateur, écrivain, il y a une multitude d’histoires à raconter autour du célébrissime auteur du « Petit Prince », il y a de nombreux Saint Exupéry aussi. C’est au Saint Exupéry « américain » que choisit de s’intéresser la pièce écrite et mise en scène par Jean-Claude Idée.
En effet, en 1940, l’aviateur choisit de partir pour New York d’où il ambitionne de prendre part au conflit mondial. Il en repartira en 1944 pour joindre ses ailes au combat contre l’Allemagne. On le découvre ainsi dans sa villégiature, non loin de la grande ville américaine, en compagnie de sa femme, la riche Consuelo, rencontrée en 1930 à l’alliance Française de Buenos Aires, « Un amour transgressif entre un aristo français et une petite vénézuélienne » dit-elle en décrivant leur
rencontre.
C’est un saint Exupéry Don Juan, séducteur que l’on choisit de nous montrer ici : marié à Consuelo, sa fort jalouse épouse salvadorienne, il alterne ses nuits entre le domicile conjugal et les bras de Sylvia Hamilton, sa maitresse américaine. Pour pimenter le trio, il y a aussi Denis de Rougemont, l’ami, sur lequel Consuelo jettera bientôt son dévolu, « pour meuble l’absence » de son aviateur de mari. Entre scènes de jalousie et déclarations enflammées, libre court est donné au sang latin (forcément bouillonnant) de Mme de Saint Exupéry : « tu es un Don Juan frénétique et minable qui cherche sa maman dans la culotte des filles » lui lance-t-elle drôlement.
Le contexte historique n’est hélas qu’évoqué dans cette intrigue et les atermoiements de Saint
Exupéry ne font l’objet que d’une courte scène : l’aviateur ne veut pas soutenir Pétain mais ne souhaite pas pour autant glorifier de Gaulle, dont il craint qu’il invente un fascisme à la française. La cabale organisée contre lui par les surréalistes, André Breton en tête, n’est abordée qu’en filigrane, comme si l’ambiguïté politique de l’aviateur-auteur était délicate à aborder. « Les intellectuels n’ont le droit à la parole que s’ils prennent part au combat » lance ainsi St Ex à titre de credo.
Quelques élans lyriques un peu vains viennent parfois étoffer le propos « la vérité d’hier est morte, celle de demain reste à bâtir ». Si l’on y ajoute quelques tentatives d’envolées poétiques, force est de constater que « St-Ex à New-York » est essentiellement un quasi-hui-clos sentimental à quatre personnages. Parmi eux, le plus important n’est hélas pas le mieux servi : l’interprétation de St-Ex par Gaël Giraudeau ne convainc à aucun moment et les élans sentimentaux de St-Ex et de Madame tombent souvent à plat.
Faute de mieux, on se rabattra sur l’interprétation féminine : Alexandra Ansidei campe ainsi une Consuelo caricaturale mais convaincante. On attendait d’en savoir plus sur cette période qui vit naitre « le Petit prince ». Le mystère reste hélas entier sur cet épisode de la vie de Saint-Exupéry.

E.D



 
 
 
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