Eva Rami dans T’es toi !

le  30/09/2021   au Petit Montparnasse, 31 rue de la Gaîté 75014 Paris (du mercredi au samedi à 19h)

Mise en scène de Marc Ernotte avec Eva Rami écrit par Eva Rami



Economie du théâtre oblige, les “seuls en scène” se sont développés au fil des années de manière exponentielle sur les scènes parisiennes, offrant ainsi des spectacles de qualité inégale. “T’es toi” d’Eva Rami sort du lot et offre au spectateur une double découverte : celle d’une comédienne et celle d’un univers.
Pourtant, l’idée de départ semblait n’avoir rien d’original : c’est le récit d’une jeune niçoise de 18 ans qui a le théâtre dans la peau et qui décide de monter à Paris tenter sa chance. Une autobiographie croit-on savoir malgré le léger décalage entre le prénom de la comédienne et celui de son héroïne, qu’elle a choisi de prénommer Elsa. Mais dès la première scène, on est emporté. Vêtue d’un costume d’araignée, Eva Rami pose les bases de ce qui est une fort jolie galerie de portraits. Pas de grosse rigolade ici, pas de caricature, et juste ce qu’il faut d’accent, juste une douce poésie qui provoque chez le spectateur un large sourire.
On les voit ainsi défiler : Jean, le père au fort accent italo-niçois qui, derrière sa grande gueule, cache la pudeur de ses sentiments ; Elise, la mère un peu éthérée qui ne de sépare jamais de sa cigarette, et il y a aussi Fernanda, sa grand-mère, italienne jusqu’au bout de l’accent. Par petites touches, Eva Rami arrive ainsi à dessiner ses personnages en ne perdant jamais son public malgré les nombreux dialogues qu’elle arrive à rendre crédibles sans efforts apparents.
Une fois franchi le parcours du combattant des concours aux écoles de théâtre, commence le défilé des profs, chacun affublé d’un caractère, et la galerie de personnages continue : il y a le prof sévère, la prof snob, le prof “cool”, la prof baba qui cultive la bienveillance jusqu’à l’extrême... Eva Rami est une comédienne parfaitement convaincante mais elle est aussi portée par un texte (dont elle est également l’auteure) qui ne cède pas à la facilité.
Quelques répliques font mouche et l’ensemble est parfaitement tenu. Le récit se déroule ainsi, ne cédant pas à la facilité des sketchs qui sont monnaie courante pour ce type de spectacle. Eva Rami s’offre ainsi une fort jolie carte de visite. Nul doute qu’elle donnera envie au public de la revoir dans d’autres productions, voire au sein d’une troupe par exemple.

E.D