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Joséphine B

le  13/01/2022   au théâtre de Passy, 95 rue de Passy 75016 Paris (du jeudi au samedi à 19h et dimanche à 16h)

Mise en scène de Xavier Durringer avec Clarisse Caplan et Thomas Armand écrit par Xavier Durringer




De son enfance pendant laquelle Dumpie, telle qu’on la surnommait, était la petite fille honnie de ses parents parce qu’elle avait la peau trop noire jusqu’à sa mue en Joséphine la sublime, icône des music-halls parisiens, la vie de Joséphine Baker a été riche en évènements et en aventures de toutes sortes, propices à la narration.
Joséphine B. présentée au théâtre de Passy, se présente ainsi comme le premier biopic théâtral consacré à celle qui fut la première icône noire en France. On la voit esclave domestique de ses parents et leur entourage, inutile bouche à nourrir d’une famille trop nombreuse, petite « negrita » rejetée par sa mère, dans ces Etats Unis où la ségrégation raciale fait florès. Au fil des rencontres, de ses mariages (le premier à 13 ans, le deuxième à 15 ans), Joséphine montera sur scène, apprendra à danser, à chanter, à fasciner un public toujours plus nombreux.
Loin de se consacrer au seul art, elle s’engagera contre la ségrégation, et plus tard, lorsqu’elle rejoindra sa seconde patrie, aux côtés de la résistance française, en « transportant des microfilms dans son soutien-gorge ». C’est en effet loin de son pays natal que sa carrière prendra son essor, lorsqu’elle sera embauchée dans la tournée parisienne ce que l’on nommait à l’époque « la revue négre». Et là, c’est la révélation, A la faveur de rencontres dont son impresario, elle conquiert rapidement la notoriété. Paris est à l’époque la ville de tous les possibles « ici les rues sont petites mais les talons des femmes sont grands » dit-elle, fascinée à son arrivée dans la capitale.
Plus qu’un jeu de comédienne, c’est une incarnation que propose Xavier Durringer en faisant reposer le spectacle sur les épaules de Clarisse Caplan, étonnante de ressemblance avec Joséphine Baker : accent trainant du Missouri puis véritable élégante à la française, la comédienne, lumineuse et talentueuse EST Joséphine. Elle roule les yeux, grimace, et danse diaboliquement, presque nue, à peine parée de l’iconique ceinture de bananes ou sublimée par un impressionnant costume en plumes d’autruche.
Clarisse Caplan sait tout faire, jouer la comédie, danser avec énergie et conviction et chanter. Elle aimante le spectateur. Pour un soir, la petite scène du théâtre de Passy devient ainsi la scène des plus grands music-halls parisiens. Même si la comédienne avait largement la carrure pour tenir seule la scène, Xavier Durringer a choisi de lui adjoindre un partenaire qui est interprété par Thomas Armand, un Monsieur Loyal un peu superflu et encombrant au début du spectacle où il incarne tour à tour plusieurs personnages secondaires de l’intrigue jusqu’à finit par trouver sa place.
On ne résiste notamment pas à son interprétation a capella de « J’ai deux amours ». Joséphine B est un spectacle ambitieux et plutôt enthousiasmant. On est d’autant plus ravi qu’il soit présenté dans un nouveau théâtre, fort confortable qui vient d’ouvrir ses portes le 28 octobre.

E.D



 
 
 
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