en 
 
 
cinema

 
 

Brèves de comptoir – tournée générale

le  10/11/2021   au théâtre de l’Atelier, 1 place Charles Dullin 75018 Paris (du mardi au samedi à 21h et dimanche à 15h)

Mise en scène de Jean-Michel Ribes avec avec Philippe Duquesne, Nanou Garcia, Gilles Gaston-Dreyfus, Philippe Magnan, Marie-Christine Orry et Philippe Vieux écrit par Jean-Marie Gourio




Vous connaissez sûrement les discussions de bar, ces propos que l’on échange, accoudés au zinc, à refaire le monde. Et bien, ces propos, souvent affublés péjorativement du nom de « discussions de café du commerce », Jean Marie Gourio en a fait son miel et les a recueillis sous forme condensée dans ses « brèves de comptoir », d’abord éditées puis mises en scène par Jean Michel Ribes.
Après le succès de la première édition, voici la deuxième fournée ! Mais attention, ici, pas de
« Brèves » médiocres, de propos banals… Non, non, msieurs dames, ici, que de la brève de qualité, de la poésie !! Presque des haïkus, ces sentences définitives sont tellement belles que l’on se dit qu’elles ont été inventées en tout ou partie par l’auteur. Jusqu’à ce que l’on apprenne que c’est une de ces brèves, entendues réellement dans un café, qui a décidé l’auteur à écrire ses recueils : « Est-ce qu’une plante carnivore peut être végétarienne ? Je crois pas ».
Ces brèves sont ainsi mises en scène sous forme de réparties que s’échangent 4 piliers de bar, accompagnés du tenancier et de sa bourgeoise, tous abrités du monde extérieur dans un vieux
troquet. Chômeur, femme entre deux âges, bourgeois en nœud papillon, vieux beau au look de
rocker, ils se livrent à leur loisir favori : lever le coude et débiter des vérités définitives. Tous les sujets sont bons à aborder : politique, travail, sexe, religion, météo et science.
Chacun y va de sa sentence. Plus qu’un dialogue, chacun avance sa petite idée, minuscule fragment de sa compréhension du monde sans risque d’être contredit. On ne résiste pas au plaisir de citer quelques-unes de ces petites perles. Sur la religion : « Normalement, si Dieu meurt, c’est Jésus qui hérité de tout, non ? », et cette autre « quand tu vois Jésus et Buddha, ben, c’est pas la même alimentation ». Enfin, ces deux dernières « si on parlait pas, on dirait quoi ? » et « C’est quand on y pense pas qu’on réfléchit le mieux ». Parfois, la réflexion touche au sublime et flirte avec la philosophie « je préfère ne pas connaitre la date de ma mort, celle de ma naissance me fout suffisamment le cafard ».
Les comédiens sont impeccables, de véritables orfèvres du jeu : ils lancent leurs affirmations avec
conviction, faisant totalement exister leur personnage. C’est extrêmement drôle mais pas seulement : le propos est parfois d’une actualité saisissante. Sans faire de référence à de récents évènements qui flétriraient le charme de la pièce, certaines de ces brèves prennent la forme d’un savoir approximatif débité par des gens qui ne comprennent pas le monde dans lequel ils vivent. Et l’on se dit que ce café un peu suranné aurait pu être l’ancêtre bien inoffensif de ces caisses de résonnance prétendument informatives que sont devenus certains réseaux sociaux.

E.D



 
 
 
                                                      cinema - theatre - musique