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Volpone

le  18/11/2021   au Café de la Gare, 41 rue du Temple 75004 Paris (vendredi et samedi à 21h et dimanche à 15h)

Mise en scène de Carine Montag avec Frédéric Roger, François Bérard ou Richard Delestre, Emmanuel Guillon, Régis Chaussard, Philippe Manesse ou Arnaud Bruyère, Isabelle Laffitte, Patrick Courtois ou Rémi Goutalier, Timothée Manesse et Carine Montag écrit par Ben Jonson




Pour ceux qui ont eu la chance de voire le film Volpone, chef-d’œuvre réalisé en 1941 avec dans les rôles principaux – et mémorables - Harry Baur, Louis Jouvet, Fernand Ledoux et Charles Dullin, c’est toujours un plaisir non dissimulé que d’assister aujourd’hui à une adaptation théâtrale de cette mémorable comédie, écrite en 1606 par Ben Jonson et restée « dans son jus » de l’époque pour mieux apprécier, à sa juste et grande valeur, les belles tournures de phrases et les dialogues savoureux autour des mécanismes de l’avarice, de l’avidité et de la duplicité.
Nous sommes plongé à Venise où se croisent - et se mêlent - riche célibataire sans héritier, stratège plein de cynisme, de lâcheté et d’arrogance feignant d’être à l’article de la mort, prétendants (avocat, usurier…) cupides tous en quête de cet héritage, sans oublier valet rusé ou, si vous préférez, serviteur désinvolte, meneur hors pair voire diabolique de tout ce grand jeu affiché de flatterie, de fourberie, de duperie et même de trahison. Ce sera à celui qui, à l’issue de cette « joute », s’en sortira le mieux !
Si Jean de La Fontaine avait pu mettre des noms d’animaux sur ces « rapaces », véritables charognards de tout poil (et de toutes ailes également !), pour en faire une fable, il n’aurait eu sûrement que l’embarres du choix, entre un vautour, un vieux corbeau, un corneille, une mouche et un renard, tant chacun se délecte d’en représenter tous les profils et les attraits les plus odieux, les plus répugnants et les plus vils.
Les comédiens, qui en ont pris « l’apparence » humaine devant nous, s’en régalent d’ailleurs sur scène avec un talent fou, une exubérance si expressive, un humour communicatif surtout en les voyant évoluer de la sorte, un certain cabotinage ambiant limite bouffon mais sans excès d’aucune sorte, un ton juste qui va à l’essentiel de la manipulation comme de la trahison, ainsi qu’un sens de la roublardise dans son plus bel effet et de la cupidité sous sa plus belle expression. On en redemanderait encore !
Vous l’aurez donc compris, cette pièce jubilatoire est un must du genre, entièrement transcendée par l’expérience de ses interprètes, eux qui nous donneraient presque envie de monter sur les planches pour y faire de même, c’est-à-dire singer copieusement la mesquinerie, la petitesse, l’imposture et l’immoralité existantes en ce bas monde. Bref, un vrai régal autant pour les yeux que pour les oreilles…

C.LB



 
 
 
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