Novecento : pianiste (jusqu’au 17 mars)

le  10/01/2022   au théâtre La Flèche, 77 rue de Charonne 75011 Paris (tous les jeudis à 21h)

Mise en scène de Laurent Orry avec Laurent Orry écrit par Laurent Orry (d’après le monologue d’Alessandro Baricco)



Novencento porte bien son nom : nourrisson abandonné au début du 20ème siècle sur un paquebot transatlantique, il est ainsi baptisé par le personnel de bord qui l’adoptera, ses vrais parents étant introuvables. Novecento, c’est l’histoire de ce bonhomme, qui continuera à vivre sur le Virginian et deviendra une sorte de génie du piano, jouant tout autant pour les riches de 1ère classe pendant la réception, que pour les immigrés de troisième classe après son service. Et ce sans avoir jamais pris une seule leçon.
« Novecento, avant c’était un chiffre, maintenant c’est un nom » dit son ami Tim Tooney, trompettiste engagé en 1927 sur le paquebot. C’est en effet à cet homme usé, alcoolique, nostalgique qu’est confié le récit de ces 33 ans passés par le génial pianiste sur le « Virginian » sans jamais mettre pied à terre, y finissant même sa vie, comme si son sort était lié à celui du géant des mers. C’est aussi un récit des 7 ans d’amitié indéfectible du trompettiste et du pianiste « qui jouait une musique qui n’existait pas ».
Et ce récit souvent porté à la scène, Laurent Orry, seul sur le plateau et metteur en scène,
l’empoigne, le prend à bras le corps de façon physique, très physique même. Une tempête
survient ? Le spectateur est emporté dans le tangage et le roulis. Novecento triomphe ? Et
c’est le corps entier du comédien qui exulte.
Le spectateur n’a ainsi pas d’autre choix que de le suivre, d’autant que le comédien déploie l’énergie nécessaire à le convaincre. Pas de musique ou presque ici : juste un récit nostalgique, mais vivant, porté par un comédien puissant, que l’on aurait cependant aimé voir entouré de moins d’effets sonores et scéniques. Il n’en reste pas moins que Laurent Orry s’offre ici une fort belle carte de visite, tant il offre à voir la richesse de son jeu. Bien qu’on le connaisse, le récit est toujours passionnant et l’on n’aurait pas pensé que la petite salle du fort joli théâtre la Flèche puisse contenir toute une mer et tout un paquebot dans son entier…

E.D