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Lawrence d’Arabie (jusqu’au 8 mai)

le  20/01/2022   au théâtre du Gymnase, 38 boulevard de Bonne Nouvelle 75010 Paris (du jeudi au samedi à 20h45 et dimanche à 16h30)

Mise en scène de Eric Bouvron avec Kevin Garnichat, Alexandre Blazy, Matias Chebel, Stefan Godin, Slimane Kacioui, Yoann Parize, Julien Saada, Ludovic Thievon écrit par Eric Bouvron et Benjamin Penamaria




Irlande 1888 : un nouveau-né arrive dans la famille (re)composée de Thomas Chapman et de son ancienne gouvernante avec laquelle il forme un couple tout autant adultérin qu’illégitime. Devenu jeune homme, celui qui n’est pas encore devenu Lawrence d’Arabie s’intéresse à l’histoire, puis à l’archéologie. C’est le début d’une vie d’aventurier qui le mènera à Aqaba, Petra et aux confins de ce qui est encore l’empire ottoman. Ce jeune homme curieux, bon connaisseur de la langue arabe et familier de la région, intéresse rapidement l’armée anglaise qui en fera un agent de liaison et finira par le manipuler à son insu.
C’est donc au récit d’une saga qu’est convié le spectateur du 13ème Art. Celle de cet homme, encore jeune et de sa traversée du désert, voire des déserts. C’est aussi une histoire de rencontres, multiples et variées que nous narre « Lawrence d’Arabie », librement inspirée - nous dit-on - de la vie de T-E Lawrence. Car l’ex-explorateur devenu aventurier rencontrera une foule de gens, tout autant du côté anglais, les militaires qui le mettront à la tête de la révolte arabe, que du côté arabe : le roi du Hedjaz, le prince Fayçal, et bien d’autres. Toujours accompagné de son fidèle Dahoom, personnage inventé pour l’occasion, et qui fait furieusement penser à certains des compagnons de Tintin dans ses aventures dessinées, l’explorateur partira ainsi à la conquête de son titre de noblesse, méritant ainsi son surnom de « Lawrence d’Arabie ».
Pour figurer ces quelques 80 personnages que rencontrera Lawrence (y compris son père et sa mère), ils ne sont que 8 comédiens, tous des hommes qui, de séquence en séquence, seront tour à tour femmes, hommes ou même chameau…Et c’est là que le bât blesse : la multiplicité des rôles, la brièveté des séquences nourrit certes la curiosité du spectateur, qui en apprend beaucoup sur Lawrence, et le fait voyager grâce à un dispositif sans décors et presque sans accessoires, mais c’est au détriment de l’identification des personnages : plus évoqués qu’incarnés, successivement revêtus de l’uniforme de la couronne britannique ou de la djellabah, ils ne manquent pas de talent mais le texte, purement narratif et sans style, ne leur donne pas la possibilité de l’exprimer pleinement.
Un trio musical fort talentueux accompagne en direct le jeu avec lequel il fait corps, prenant place parmi les comédiens sur le grand tapis qui sert d’espace scénique : composé d’un accordéoniste/percussionniste, d’un violoniste et d’une chanteuse au timbre puissant (parfois trop), il offre la bande son de ce film en Technicolor. Tous ces talents réunis devraient convaincre, tout autant que certaines images qui, dans une combinaison idéale de lumières et de postures, forment autant de tableaux. Mais, hélas, l’alchimie ne prend pas et la joliesse picturale ne parvient pas à pallier le manque de souffle de cette saga un peu figée.

E.D



 
 
 
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