en 
 
 
cinema

 
 

Sur un air de tango

le  02/03/2022   au Petit Hébertot, 78bis boulevard des Batignolles 75017 Paris (les mardis et mercredis à 19h)

Mise en scène de Bénédicte Bailby et Pascal Faber avec Damien Boisseau, Chloé Froget et Michel Papineschi écrit par Isabelle Toledo




Un père, un fils. Il est deux heures du matin, un restaurant vide. On fait connaissance de Pierrot, le trop sérieux Pierrot, qui ne pense qu’à travailler dans son joli restaurant, dans cette ville de bord de mer, et à mener sa vie de parfait mari. Bientôt, tenaillé par l’insomnie, Max, son père le rejoindra pour boire un verre dans son établissement : l’insouciant Max qui ne pense qu’à profiter de la vie ; Max, qui aime bien boire un petit coup voire deux ou trois mais qui porte encore bien ses 76 ans.
Derrière eux, on devine la présence de deux femmes : l’une, Lili, la femme de Max et la mère de
Pierrot, restera invisible, décédée, disparue à jamais, et l’autre, Alice, femme de Pierrot et mère de leurs enfants, qui ne tardera pas à mettre les bouts. Trop différents pour avoir quelque chose à se dire, père et fils engagent malgré tout le dialogue et, par chance, nous spectateurs, sommes là pour assister à la discussion essentielle qui s’engage. Il y est question de maison de retraite que Max ne veut pas intégrer lui qui se dit « pas prêt pour les dominos à l’hospice ».
Alors forcément, entre le « lourdaud qui travaille tout le temps » comme le fils se décrit avec douleur et « l’oublieux à qui on pardonne tout » comme Pierrot décrit Max, ça frotte, ça se chamaille, ça s’engueule. Jamais gravement certes mais suffisamment pour offrir au public le plaisir de la mécanique du jeu. On les suivra tous deux, et Alice, pendant quelques mois, toujours dans les murs du restaurant de Pierrot Pour ne pas déflorer plus l’intrigue, on ne parlera pas ici des quelques rebondissements qui animent un peu cette pièce fort classique dans son écriture et assez conventionnelle dans le genre « secrets de famille ».
Quelques moments d’émotion émergent de ce trio théâtral, et le grand métier de Michel Papineschi, qui incarne le père, réussit souvent à capter l’attention du spectateur sans confisquer l’intrigue, et en laissant une place à ses camarades de jeu, qui ont du mal à l’occuper. Mais la tension dramatique retombe bien vite et le spectateur regagne la douceur un peu ronronnante de la pièce. Ni le décor, impeccable, ni les lumières, superbes ne manquent, et c’est à un honnête travail de mise en scène et de jeu que nous convie « sur un air de tango », mais honnêteté n’est hélas pas synonyme d’enthousiasme.

E.D



 
 
 
                                                      cinema - theatre - musique