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Les bijoux de pacotille (jusqu’au 21 mai)

le  14/05/2022   au théâtre 14, 20 avenue Marc Sangnier 75014 Paris (mardi, mercredi et vendredi à 20h, jeudi à 19h et samedi à 16h)

Mise en scène de Pauline Bureau avec Céline Milliat-Baumgartner écrit par Céline Milliat-Baumgartner




Il y a quatre ans, nous avons publié la critique de ce fort joli spectacle. Nous sommes retournés le voir, juste pour nous assurer que la grâce était intacte. C’est le cas. Nous republions donc notre critique telle quelle. Alors, malgré la gravité du thème, n’hésitez pas à franchir la porte du Théâtre 14, vous en ressortirez enchantés, c’est Sortiz qui vous le garantit !
Si l’on s’on tient au résumé des « Bijoux de pacotille », on peut prendre peur. L’histoire est en effet dramatique : celle d’une enfant de 8 ans qui perd simultanément ses deux parents dans un accident de la route lors duquel ils périssent brûlés. Mais, par curiosité, on franchit quand même la porte de la salle du théâtre et là, le miracle opère : après le récit glaçant et purement factuel du drame en voix off et dans le noir, la pièce s’ouvre sur cette petite fille, incarnée par l’auteur et comédienne Céline Milliat Baumgartner.
Loin de singer une enfant, la comédienne est cette petite fille qui raconte tout ce qu’elle vit et ressent de ce qu’on lui cache, soi-disant pour l’épargner. Aucun pathos ne se dégage du récit, aucun des tics de ces adultes lorsqu’ils miment les enfants : l’actrice n’incarne pas, elle Est cette petite fille. Lorsque l’on apprend qu’elle est l’interprète de sa propre histoire, on comprend qu’elle ne se soit accordée aucune concession dans ce récit si personnel qu’elle a décidé de livrer au public en le publiant sous forme de récit en 2015.
C’est certes poignant mais c’est surtout poétique : la langue de Céline Milliat Baumgartner est fluide et sans fioritures. Les mots ne sont pas dits, ils sont comme inventés au fur et à mesure par cette petite fille qui dit connaitre sa mère comme si « [elle] l’avait faite », et d’énumérer tout ce qui fait l’essence d’une mère pour son enfant : son parfum, ses attitudes, ses expression… Rien n’est dit au passé, la mère est encore présente, le père un peu moins. Le futur est revisité, comme hors du temps « quand mes parents ne seront plus là », dit l’orpheline, « il n’y aura plus de bouclier entre moi et le monde ». La petite fille deviendra bientôt une adolescente un peu rebelle et une femme qui énumère tout ce qui n’a plus lieu d’être : « je n’ai pas à… » et de faire un inventaire de tout ce qu’elle ne pourra ou n’aura pas à faire, désormais privée de sa mère.
Dans cette heure de spectacle, on traverse donc souvent de purs moments de poésie : Pauline Bureau, la metteuse en scène, a choisi de faire confiance à sa comédienne et son dispositif est tout en finesse. Quant à Emmanuelle Roy, la scénographe, elle fait apparaitre la mer et ses vagues, et met sur scène une véritable boite à images. La magie est ainsi complète. Disons le haut et fort, ces « bijoux de pacotille » sont de la haute joaillerie théâtrale…

E.D



 
 
 
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